Cet article date de plus de douze ans.

Les ex-candidats à la primaire socialiste de retour dans la campagne

Plutôt discrets depuis la cérémonie d'investiture de François Hollande le 22 octobre 2011, les candidats malheureux à la primaire socialiste font leur réapparition. Pour le meilleur et pour le pire. 

Article rédigé par Salomé Legrand
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10min
François Hollande (au centre) entouré de ses principaux rivaux à la primaire socialiste, le soir de sa victoire le 16 octobre 2011, sur le perron du siège du Parti socialiste, à Paris.  (THOMAS SAMSON / AFP)

"Tous derrière François Hollande." Le soir du second tour de la primaire socialiste, le 16 octobre 2011, puis six jours plus tard lors de la convention d’investiture, les cinq candidats malheureux avaient entonné en chœur le chant du "rassemblement". On s’attendait dès lors à les voir en rang d’oignons derrière "leur candidat".

Mis à part Manuel Valls, directeur du pôle communication et de toutes les offensives médiatiques, les autres ont depuis savamment disparu. Même sur les photos de Jarnac (Charente), autour de la tombe de François Mitterrand, dimanche 8 janvier 2012, François Hollande apparaît encadré de sa compagne et des enfants de l’ex-président, mais sans ses camarades.

Cette semaine, ils font leur retour dans les médias. Pourquoi ? Comment ? FTVi décrypte le rôle de chaque ex-candidat à la primaire.

• Martine Aubry, pour son mordant

Déclaration le 16 octobre 2011 "François Hollande est notre candidat, je mettrai toute mon énergie et toute ma force pour qu'il soit le nouveau président de la République." Elle en remet une couche le 22 et "sonne la mobilisation générale derrière toi, François, pour battre la droite et l’extrême droite".

Depuis Pas grand-chose. La première secrétaire du Parti socialiste s’est notamment investie dans l’accord avec Europe Ecologie-Les Verts (EELV), avec le succès et les rebondissements que l’on sait. Elle s'est aussi dépatouillée des accusations de corruption visant certains élus du Nord, qu'elle connaît bien en tant que maire de Lille.

Grand retour Mardi 10 janvier, lors de ses vœux à la presse. Vent debout contre le bilan de Nicolas Sarkozy, la première secrétaire a pilonné le bilan "catastrophique" du président sortant. "Dette", "école sinistrée", "chômage", "inégalités", "violence", la première secrétaire a dressé la "liste excessivement longue des maux du sarkozysme". Et brossé en parallèle "un vibrant plaidoyer pro-Hollande", raconte Le NouvelObs.com.

Sa place Pour ses proches, interviewés par L’Express.fr, Martine Aubry "va amener mordant et punch" mais aussi "volontarisme" au candidat socialiste. Celle qui se dit "la première des militantes" devrait également le pousser à ne pas oublier l’aile gauche du parti.

• Arnaud Montebourg, plutôt déroutant

Déclaration le 16 octobre 2011 Celui qui se voyait arbitre du second tour de la primaire avec ses quelque 17 % de voix n’était déjà pas sur la photo de famille le 16 octobre sur le perron de Solférino. Il a filé juste après sa déclaration vers 21 h. Mais à l’époque, il va dans le même sens que les autres : "Ce soir, je suis guidé par trois mots : loyauté, fermeté et engagement. Loyauté à l'égard de notre candidat, la fermeté envers mes convictions", déclare-t-il en ajoutant : "Je suis dès ce soir pleinement engagé pour faire gagner la gauche et battre Nicolas Sarkozy."

Depuis Le député de Saône-et-Loire s’est avant tout illustré dans le champ de la fidélité à ses convictions plutôt que dans le sillon de François Hollande. Quitte à mettre le parti et la campagne dans l’embarras quand il fustige un "système de corruption" bénéficiant de "complicités au plan national" impliquant des élus PS du Nord. Le 8 décembre 2011, il pousse la direction du parti à ouvrir une commission d'enquête. Il parle aussi de créer son propre "mouvement politique" afin d'y faire vivre ses idées pour une "Nouvelle France".

Grand retour On y aurait presque cru après ses interventions le 8 janvier 2012 au "12/13" de France 3, où il se fait l'écho de l’opposition de François Hollande à la hausse de la TVA, puis deux jours après sur RTL. Mais non, ce même jour, il autorise Jean-Michel Aphatie à publier des propos tenus hors micro et via lesquels il prend clairement ses distances avec l’accord PS-EELV, qu’il "n’a pas voté".

Sa place On ne sait plus trop, mais en tout cas, il joue les trouble-fêtes. Il soutient une candidate dissidente dans une des circonscriptions de Saône-et-Loire où il est lui-même élu. Et souhaite carrément "faire battre Cécile Duflot aux législatives à Paris". Une quasi déclaration de guerre. La raison d’une telle aigreur ? Des représailles envers une équipe qui, selon lui, frappe ses amis "d'ostracisme" et n'accorde pas assez de place à ses idées ? Ou bien une stratégie de "pourfendeur de l’ancien système" pour apparaître en sauveur du parti en cas de défaite ?

• Ségolène Royal, une collaboration à définir 

Déclaration le 16 octobre 2011 On se souvient de ses larmes, moins de sa déclaration, mais Ségolène Royal s’était elle aussi rangée derrière son ex-compagnon. Elle était même la première à admettre sa victoire en annonçant peu après 20h30 : "Ce soir, l'heure est au rassemblement joyeux autour du candidat qui arrive largement en tête."

Depuis La présidente de la région Poitou-Charentes s’est doucement remise de ses émotions. Et n’a pas oublié de faire valoir ses ambitions. Elle vise le perchoir de l’Assemblée nationale et n’hésite pas, du coup, à se faire imposer dans la circonscription de La Rochelle pour les législatives, en dépit de candidatures dissidentes.

Grand retour Lundi 9 janvier dans la matinale de France 2, elle critique le gouvernement sur la TVA sociale et la taxe Tobin. Mais alors qu’elle est invitée sur France Bleu Poitou le lendemain, elle conseille à François Hollande de préciser son programme comme réponse au tassement de sa popularité dans les sondages. "Il faut aujourd'hui que le candidat soit plus précis dans les propositions qu'il a promis de faire et il va l'être, je puis vous le dire." Et de tacler une équipe dont la stratégie serait : "on est devant [dans les sondages], ne bougeons plus".

Sa place "Rien n’est encore calé"relate 20Minutes.fr, qui souligne que des rencontres sont prévues entre les équipes des deux ex-époux cette semaine. "Elle est disponible et aimerait intervenir sur des thématiques qui lui sont chères et auprès de populations comme les jeunes et les quartiers populaires, qu’elle est capable de mobiliser en vue du premier tour", confie Guillaume Garot, proche de Royal, au quotidien gratuit.

• Manuel Valls, l'omniprésent

Déclaration le 16 octobre 2011 Premier à rallier François Hollande au soir-même du premier tour de la primaire, Manuel Valls s’est contenté de s’afficher avec le vainqueur sur le perron du siège du PS le soir de sa victoire. La semaine précédente, il avait appelé à se "rassembler derrière François Hollande", le seul "incontestablement en mesure de battre Nicolas Sarkozy et de lever une espérance".

Depuis Le maire d'Evry (Essonne) n’a pas lâché François Hollande une seule seconde. Il décroche même le rôle de directeur de la communication dans l’organigramme de campagne. Et est partout, de toutes les émissions politiques et dans toutes les offensives médiatiques. Quitte à rogner sur ses convictions exprimées durant la primaire. Défenseur de la TVA sociale dans les débats d’octobre, il la pourfend désormais.

Sa place Extrêmement centrale. Selon Rue89, "Valls s'est imposé comme le vrai directeur de campagne" à en croire nombre de socialistes, même si c’est Pierre Moscovici qui en a officiellement le titre. Le site affirme que le quadra est l'un des rares à savoir dire non à François Hollande. 

• Jean-Michel Baylet, tout sourire 

Déclaration le 16 octobre 2011 Le patron du Parti radical de gauche (PRG) et ses symboliques 0,7 % des voix s’étaient ralliés à François Hollande entre les deux tours de la primaire citoyenne avec ces mots : "Nous nous retrouvons dans certaines de ses idées - sa dimension européenne, son pragmatisme économique et son sens de la raison en la matière ont fait pencher la balance."

Depuis L’élu du Sud-Ouest, qui ne s’est pas beaucoup manifesté, était toujours "candidat à la primaire citoyenne" sur son site le 10 janvier 2012. Sa seule participation se résume à une interview à Sud Radio le 24 novembre 2011, où il a appelé "au recadrage" d’Eva Joly, en pleine polémique autour de l’accord avec EELV.

Grand retour Le mercredi 11 janvier 2012 lors de l’inauguration du siège de campagne de François Hollande, à laquelle il assiste. Sans mot dire, mais tout sourire.

Sa place Flottante. Dans l’organigramme du candidat, il est nommé au bien mystérieux "Conseil politique" au côté de Martine Aubry. Trois de ses fidèles représentent le PRG au sein de l’équipe Hollande. Joint par FTVi son entourage martèle :"Il est complètement engagé dans la campagne", et souligne "il participe aux réunions stratégiques du mardi matin et le PRG a un bureau dans le QG de campagne". Pour eux c'est clair PRG et PS avancent "main dans la main"

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.