Les écologistes veulent croire que leur score à la présidentielle ne reflète pas leur poids politique
Les écologistes ont fait savoir qu'ils étaient disponibles pour participer au futur gouvernement socialiste mardi 8 mai au terme de leur Conseil fédéral à Créteil. Mais le score de leur candidate à la présidentielle les met en situation de faiblesse.
Les écologistes sont prêts à entrer au gouvernement. Le message est passé mardi, au terme du Conseil fédéral, tenu à huis clos à Créteil les 7 et 8 mai, qui a voté massivement en ce sens.
La patronne des écolos, Cécile Duflot, l'a de nouveau affirmé mercredi sur BFM TV. "[Les écologistes] veulent le pouvoir pour avoir le pouvoir d'agir", a-t-elle expliqué.
La secrétaire nationale d'Europe écologie-Les Verts doit quitter la direction de son parti le 22 juin prochain pour briguer un poste de député à Paris.
Mais sa déclaration d'intention risque toutefois de ne pas peser dans le "jeu de chaises musicales" qui s'annonce.
Le score d'Eva Joly à la présidentielle (2,31 % des voix au premier tour) a mis en effet les écologistes en situation de faiblesse.
Ce que ne reconnaît pas Cécile Duflot. "51,6% moins 2,3%, ça ne fait pas 50% !", a-t-elle lancé, un brin ironique.
Il faut dire que l'accord PS-EELV signé en novembre dernier, au lendemain de la primaire socialiste, a joué en leur défaveur.
Cet accord avec le PS réserve aux écologistes 63 circonscriptions, avec l'objectif de faire élire plus de 15 députés à l'Assemblée, dans l'espoir d'obtenir un groupe parlementaire.
Jeu de poker menteur
Mais les cadres d'EELV veulent croire que leur poids politique est plus important et montrer qu'ils sont un partenaire incontournable pour le Parti socialiste.
Ils se basent sur leurs scores aux élections européennes en 2009, où ils ont réalisé , ainsi que sur les élections régionales de 2010, où leur score national s'est élevé à , avec un score particulièrement élevé en Île-de-France avec 16,6% des voix.
Un jeu de poker menteur donc. François Hollande a d'ores et déjà mis en avant sa volonté de faire un gouvernement resserré, autour de 15 grands pôles ministériels, au lendemain de son investiture.
La question est désormais de savoir si le président élu préférera nommer ministre un ou des écologistes en échange de leur solidarité gouvernementale, ou au contraire les exclure de l'exécutif au risque d'avoir à souffrir, à moyen terme, de leur liberté de ton dans les différentes assemblées.
"Je ne vois pas pourquoi François Hollande ne dirait plus qu'il est dans une logique de rassemblement", estime le député européen Yannick Jadot.
Même point de vue pour Cécile Duflot, qui met en garde : "Un gouvernement à 100% socialiste serait une erreur politique".
"La question des personnes sera tranchée en temps venu"
Quoi qu'il en soit, dans cette situation, François Hollande semble pouvoir compter sur sa dynamique à la présidentielle pour instaurer un rapport de force qui lui est favorable face aux écolos. Du moins jusqu'au verdict des législatives.
"François Hollande peut être tenté de faire jusqu'aux législatives un gouvernement resserré et prendre langue avec les écologistes et les communistes après, en fonction de comment s'est passée la campagne et des rapports de force", a analysé Dominique Voynet dans un entretien accordé à Rue 89 en début de semaine.
Les écologistes rêvent de deux à trois postes de ministres ou de secrétaires d'Etat. Parmi les noms qui ressortent : Cécile Duflot, Jean-Vincent Placé, Eva Joly, voire Yannick Jadot.
Une pétition tourne d'ailleurs depuis mardi pour soutenir la candidature d'Eva Joly au ministère de la justice.
"La question des personnes sera tranchée en temps venu", juge le sénateur de l'Essonne Jean-Vincent Placé.
Des couleuvres à avaler
Reste à savoir quel(s) ministère(s) les écologistes peuvent espérer. "On est crédibles sur les questions santé, logement, droit des femmes, jeunesse, affaires européennes…", affirme Dominique Voynet.
Car le pôle "Environnement, développement durable et énergie" est déjà occupé par Marie-Hélène Aubert, membre du Parti socialiste après avoir quitté les Verts, chargée d'élaborer le projet écologique du président élu.
Ce dernier a indiqué que seule la centrale nucléaire de Fessenheim fermera durant son mandat. Première couleuvre à avaler pour les écologistes.
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