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Les centristes indécis jugent le duel Sarkozy-Hollande

Indécis jusqu'au bout. Alors que leur candidat François Bayrou ne s'est pas encore prononcé pour l'un de deux finalistes, FTVi a suivi le débat avec quatre électeurs centristes. Reportage. 

Article rédigé par Salomé Legrand
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
(De G à D) Sonia, Kévin et Jessica, trois électeurs de François Bayrou indécis, avant et après le débat d'entre-deux-tours, à Paris, le 2 mai 2012. (SALOME LEGRAND / FTVI)

Près de trois heures de débats, d'échanges, de piques, de développements. Deux cocas zéro et un verre de Sauvignon, une salade de chèvre chaud et un plein bol de cacahuètes. Et toujours des hésitations. Kévin, Jessica et Sonia, électeurs de François Bayrou au premier tour et encore indécis à J-4, comptaient notamment sur le débat pour choisir. Résultat mitigé. 

Il y a déjà Sonia, arrivée avec une heure de retard mais "qui y voit son inconscient qui savait que ce débat serait un rendez-vous manqué avec les Français". 26 ans, chef de projet dans la com', elle compte voter "Hollande mais alors, c'est vraiment par dépit". Cela dit, elle "veut voir". Un peu plus indécise, Jessica, timide ingénieur de 29 ans qui a "trois choix: ne pas voter, voter blanc, voter Hollande." Et dans le flou complet dans son costume bien mis, Kévin, secrétaire du MoDem dans le XVe arrondissement de Paris. Avant, le juriste n'avait qu'une certitude, ce sera "un choix par défaut". Entre son "vrai rejet du personnage de Nicolas Sarkozy" et "les alliances trop à gauche de François Hollande avec les Verts, Mélenchon, Aubry" pour sa nature de "centre-droit", l'hésitation était totale. 

Après ? Il n'est pas plus avancé. Sur plusieurs points, l'hésitation est palpable. Sur les finances publiques d'abord. Côté recettes, Kévin est "tout à fait d'accord" avec François Hollande. "Côté recettes seulement", insiste-t-il tout en soulignant quelques bons points dans le programme de réduction des dépenses de Nicolas Sarkozy. Ou sur le nucléaire. Domaine que Jessica, ingénieur dans le secteur connaît bien. Elle est plutôt d'accord sur l'idée de passer à autre chose. Et n'aime pas le discours "autruche" du "tout va bien pour la sécurité des centrales" de Nicolas Sarkozy. Mais "tout arrêter, ça ne marche pas non plus". Kévin est contre la sortie du nucléaire. Sonia tente un "autant aller vers celui qui promet d'en sortir, de toutes façons il ne tiendra pas ses promesses mais tenders vers ça".

"En dessous du niveau"

Finalement, les trois centristes s'accordent. Aucun des deux candidats n'a la bonne réponse. Et la laïcité, longuement débattue ? "Là là, ils sont tous les deux très en dessous du niveau exigé", s'agace Kévin. D'ailleurs, ils préfèrent deviser autour de la récente découverte de Sonia. En cherchant l'origine du dicton favori des centristes "l'excellence est dans le juste milieu", la pimpante chef de projet dans la com' a trouvé que c'était une phrase d'Aristote: "La vertu est le juste milieu entre deux vices". Ça leur plaît. Ils picorent quelques cacahuètes et se reconcentrent.

(De G à D) Jessica, Kévin et Sonia, trois électeurs de François Bayrou indécis, avant et après le débat d'entre-deux-tours, à Paris, le 2 mai 2012. (SALOME LEGRAND/ FTVI)

Une formule a fait mouche chez les trois, elle est du socialiste : "Vous voulez des riches encore plus riches et des pauvres encore plus pauvres!" A la télé, Nicolas Sarkozy et François Hollande ne cessent de se renvoyer la balle. Sonia est la plus dure : "C'est pitoyable on dirait un débat publicitaire, d'un côté Bonux qui te propose tel ou tel truc et Sarkozy celle qui lave plus blanc que blanc." Même si, elle l'admet, elle a trouvé le socialiste "un peu plus digne, notamment quand il a parlé de respect, la seule valeur évoquée dans tous ces chiffres".

"Abandonnés"

A l'autre bout de la table, l'indécision est persistante. Jessica a trouvé Sarkozy "meilleur et plus construit". Kévin aussi, "même si la conclusion de François Hollande sur le rassemblement était meilleure". Une chose est sure, ils se sont sentis abandonnés. "Sarkozy a lancé des perches innommables au FN", regrette la jeune femme. "Mais alors nos thèmes, rien!", abonde Kévin qui énumère "la dette, la moralisation de la vie publique, la proportionnelle". Et du coup, après trente bonnes secondes de blanc, il botte en touche "il ne faut pas se décider à chaud!" S'il votait maintenant ? "Euh centre droit mais Nicolas Sarkozy n'est pas centre droit." Bien. Tandis que Jessica attendra "surement le Jour-J". Enfin, ça dépend de "ce que dira François Bayrou", qui doit donner sa consigne de vote dans la matinée.

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