Les artistes se mobilisent-ils moins en faveur de Nicolas Sarkozy qu'en 2007 ?
François Hollande s'est affiché dimanche 23 janvier en présence d'un certain nombre d'artistes, lors de son premier grand meeting de campagne au Bourget (Seine-Saint-Denis). A l'inverse du président, dont les soutiens semblent moins enthousiastes.
En plus de quelque 20 000 militants, des personnalités de la culture sont venues soutenir le candidat PS à l'élection présidentielle, François Hollande, lors de son premier grand meeting au Bourget (Seine-Saint-Denis), dimanche.
Parmi elles, l'ancien tennisman Yannick Noah qui a donné un concert avant l'entrée en scène du député de Corrèze, le chanteur Benjamin Biolay et le producteur Dominique Besnéhard. Mais aussi l'écrivain Mazarine Pingeot, fille de François Mitterrand, le couturier Christian Lacroix, l'ancien patron de l'OM Pape Diouf, ou encore les acteurs Gérard Darmon et Denis Podalydès qui a incarné Nicolas Sarkozy dans le film "La conquête".
Il est de tradition que des artistes soutiennent publiquement tel ou tel candidat à l'élection présidentielle. En 2007, l'humoriste Jamel Debbouze s'était positionné en faveur de Ségolène Royal, tandis que les chanteurs Faudel et Doc Gynéco avaient pris parti pour Nicolas Sarkozy.
Le chanteur Faudel, "arabe de service" en 2007
Ces engagements ont pu coûter cher aux artistes en terme d'image médiatique. Depuis l'élection de Nicolas Sarkozy, certaines personnalités parmi celles qui avaient soutenu en 2007 la campagne de l'actuel président se sont montrées moins enthousiastes. C'est le cas de Johnny Hallyday, de Patrick Bruel et de Michel Sardou.
Dans une entretien accordé au Parisien en février 2011, le chanteur Patrick Bruel avait ainsi déclaré : "Pour 2012, je pense que Dominique Strauss-Kahn est celui qui peut rassembler la gauche. Si ce n'est pas lui, peut-être François Hollande".
Toujours dans Le Parisien, Johnny Hallyday avait assuré en mars 2011 "ne pas savoir pour qui" il irait voter, mais qu'il le ferait pour "quelqu'un de bien pour la France", et "pas par amitié".
En mai 2010, c'est au tour du chanteur Michel Sardou de s'estimer déçu par le chef de l'Etat. "J'y ai cru, mais je n'y crois plus, estime-t-il. Quand on vous promet quatorze réformes et que l'on n'en fait pas une... Je suis déçu." A la suite des ses déclarations, le chanteur avait été "invité" à l'Elysée par Nicolas Sarkozy pour une séance de remontrances.
Pour Faudel, l'histoire est plus dure. En janvier 2010, il raconte comment il s'est senti piégé dans le rôle de "l'arabe de service".
A l'instar de l'acteur Gérard Depardieu, quelques artistes ne sont pas fondamentalement revenus sur leur soutien au chef de l'Etat, comme Doc Gyneco, qui a dû se résigner à pointer à Pôle emploi en mars2010.
Yannick Noah, visé par un contrôle fiscal
Quant au candidat du Modem, François Bayrou peut compter sur le soutien de l'acteur François Berléand, de l'écrivain Fred Vargas, et de Vincent Lindon. Ce dernier aurait eu une révélation en 2007 : "Vous serez président", lui a-t-il dit.
Pour François Hollande, la question d'un retour de bâton médiatique peut se poser. Yannick Noah a beau être l'une des personnalités préférées des Français, il est aussi connu pour ses déclarations à l'emporte-pièce.
La député de Meurthe-et-Moselle, Valérie Rosso-Debord, a d'ailleurs rapidement pris le tennisman pour cible dimanche. "Un homme qui prétend être irréprochable en matière notamment fiscale et qui fait intervenir en première partie de son meeting un chanteur qui doit 580 000 euros au fisc français n'est pas crédible", a-t-elle lâché sur BFM TV.
Selon Le Parisien, le chanteur et ex-champion de tennis a été débouté en septembre après être allé devant le Conseil constitutionnel pour contester un redressement fiscal d'environ un million d'euros décrété contre lui.
Le monde de la culture en crise
Il reste qu'afficher ses soutiens avec le monde de la culture, traditionnellement à gauche, reste pour François Hollande un calcul qui n'est pas anodin.
En fin de semaine déjà, Hollande s'était rendu à Nantes à l'occasion des Biennales internationales du spectacle où il a parlé aux artistes.
Engagement pris par le socialiste : abroger la loi Hadopi et en faire une autre.
Déjà lors de la primaire socialiste en octobre 2011, le candidat du PS avait indiqué que la culture faisait "partie de notre identité mais aussi de notre projet de réconcilier les Français", devant une assistance composée entre autre par Michel Boujenah, Manu Dibango, Vincent Delerme, Jean Benguigui et Jean-Michel Ribes.
Des déclarations qui ne pourront que séduire le monde de la culture, actuellement en crise.
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