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Législatives : le MoDem pourrait se retrouver sans aucun député à l’Assemblée nationale en juin

Donné battu dans son fief béarnais aux élections législatives, François Bayrou joue autant sa survie que celle du Mouvement démocrate (MoDem) qu'il préside : il pourrait ne compter aucun député dans la prochaine Assemblée nationale après le 17 juin.
Article rédigé par Sébastien Tronche
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Pour la première fois depuis 1986, François Bayrou n'est pas certain de retrouver son siège à l'Assemblée. (ERIC FEFERBERG / AFP)

Donné battu dans son fief béarnais aux élections législatives, François Bayrou joue autant sa survie que celle du Mouvement démocrate (MoDem) qu'il préside : il pourrait ne compter aucun député dans la prochaine Assemblée nationale après le 17 juin.

Il se voyait en alternative aux partis "provisoirement majoritaires". Il comptait rééditer son gros score de la présidentielle 2007 qui l'avait vu pointer en troisième homme au soir du premier tour. Il voyait en l'élection à la magistrature suprême l'occasion de relancer le centre alors que ses principaux leaders - Hervé Morin et Jean-Louis Borloo en tête - s'effaçaient du paysage médiatique et se ralliaient à Nicolas Sarkozy.

Pourtant, François Bayrou est aujourd'hui loin du compte, donné perdant par l'ensemble des sondages réalisés sur sa 2e circonscription des Pyrénées-Atlantiques, où il est élu depuis 1986. Opposé à des candidats UMP et PS - malgré les réticences de certains éléphants socialistes -, le Béarnais risque en outre une triangulaire avec le FN.

Quand Bayrou invoque Jospin

A 61 ans, le président du MoDem semble payer son vote, à titre personnel, pour François Hollande au second tour de la présidentielle. Une décision qui a poussé l'UMP à présenter des candidats face à la plupart des 400 prétendants du Centre pour la France à la députation.

"Une partie de l'électorat de droite, que je connais bien et parmi lequel je compte des amis, a été profondément choquée par le fait que je vote François Hollande, consentait-il, le 28 mai, sur France Inter. Il y a eu une émotion et un choc."

Pour se rassurer, M. Bayrou invoque l'exemple de Lionel Jospin. "En quoi c'est grave de perdre ? Jospin a été battu aux législatives de 1993 et est devenu Premier ministre en 1997", dit-il aux Echos.

Lassalle : "Je suis en situation précaire"

A l'instar de François Bayrou menacé dans son fief, Jean Lassalle et Abdoulatifou Aly (1ere circonscrption de Mayotte), les deux seuls députés sortants du MoDem sont également en mauvaise posture.

Ainsi Jean Lassale, député de la 4e circonscription des Pyrénées-Atlantiques qui a voté Nicolas Sarkozy le 6 mai dernier, est dans une situation délicate dans une circonscription qui a voté François Hollande à près de 60%. "Je suis en situation précaire, confiait-il au Parisien. Mais j'ai l'habitude des situations périlleuses, je ne les crains pas et, ici, on me connaît."

De quoi imaginer une disparition du MoDem de l'Assemblée nationale ? Le Centre pour la France (CpF), étiquette du MoDem pour les législatives, n'ose évoquer cette hypothèse et s'imagine regrouper les forces centristes dans un groupe parlementaire.

C'est le sens des investitures du CpF. Le mouvement soutient notamment Philippe Folliot, député Nouveau centre du Tarn, et Daniel Garrigue, ancien villepiniste et député sortant de Dordogne, qui ont tous deux soutenu François Bayrou au scrutin présidentiel, ainsi que des candidats du Parti radical comme Rama Yade.

Proportionnelle et unité nationale

"Nous sommes réalistes, nous ne pourrons avoir un nombre de députés significatifs que le jour où une dose de proportionnel sera établie", explique à 20 Minutes Robert Rochefort, vice-président du MoDem. Et d'ajouter, utilisant la méthode Coué : "On aimerait malgré tout arriver à l'esquisse d'un groupe parlementaire [au minimum 15 députés] au centre".

A l'image des législatives à Paris, où le MoDem veut peser en provoquant des triangulaires, l'objectif avoué est donc de "jouer un rôle de force d'équilibre. Dans le conflit entre une gauche dogmatique et une droite revancharde, nous voulons l'unité nationale".

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