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Le tribunal correctionnel de Paris doit départager Marine Le Pen et Eva Joly

Le tribunal correctionnel de Paris a dû départager Eva Joly et Marine Le Pen avant le scrutin présidentiel lundi 16 avril, dans le cadre d'une plainte pour diffamation. L'écologiste avait reproché à la frontiste un "détournement de succession".
Article rédigé par Francetv 2012
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Eva Joly au tribunal correctionnel de Paris le 16 avril (BERTRAND LANGLOIS / AFP)

Le tribunal correctionnel de Paris a dû départager Eva Joly et Marine Le Pen avant le scrutin présidentiel lundi 16 avril, dans le cadre d'une plainte pour diffamation. L'écologiste avait reproché à la frontiste un "détournement de succession".

L'appel aux urnes rendrait-il les candidats fébriles ? En tout cas, il a conduit le tribunal correctionnel de Paris à statuer lundi en urgence sur une plainte en diffamation déposée par la candidate du Front national, Marine Le Pen, à l'encontre de l'écologiste, Eva Joly.

Les propos litigieux remontent au 10 avril. Avant de se rendre à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), fief de Marine Le Pen, Eva Joly avait déclaré sur RMC-BFMTV que son adversaire du Front national était "l'héritière de son père milliardaire par un détournement de succession".

L'ancienne magistrate faisait allusion à l'héritage qu'avait reçu Jean-Marie Le Pen dans les années 1970 d'un de ses amis, Hubert Lambert, et qui avait donné lieu à un début de conflit avec la famille du défunt, avant un règlement à l'amiable.

Faisant référence au scandale touchant la fédération socialiste du Pas-de-Calais, Eva Joly avait ajouté que le FN ne faisait que remplacer "un clan par un autre. En quoi est-ce que Marine Le Pen sera plus propre que ne l'étaient les autres ?"

Pour ces propos qu'elle juge diffamatoires, la candidate du FN à l'Elysée réclame à Eva Joly 20 000 euros de dommages et intérêts. Le parquet a demandé au tribunal de Paris la relaxe. Celui-ci rendra son jugement jeudi prochain à 13h 30.

Joly veut "dénoncer la démagogie"

"Je m'étonne que Marine Le Pen qui ne s'exprime pas avec des roses et qui est souvent très violente (...), a estimé utile d'instrumentaliser (...) la justice", s'est défendue lundi la candidate EELV, derrière ses indéfectibles lunettes vertes.

Marine Le Pen "se donne pour la seule femme vertueuse qui va pouvoir corriger toute la corruption de l'UMP et du PS", a-t-elle déploré, assurant qu'elle n'avait voulu que "dénoncer la démagogie de cela".

"J'ai voulu rappeler d'où venait la fortune de la famille Le Pen", a encore dit l'ancienne juge d'instruction : alors qu'elle se veut "la candidate des pauvres", "elle vit dans un château", et "c'était mon rôle en tant que femme politique de mettre cela sur la table".

"Quand on a été 30 ans magistrat, on ne diffame pas ainsi"

En l'absence de sa cliente, Me Wallerand de Saint-Just a plaidé que "tous les éléments de la diffamation sont réunis". Une diffamation "inacceptable" à ses yeux et ce, même si "la liberté d'expression est plus grande" en temps de campagne électorale.

"Mme Joly croit qu'elle est une championne de la lutte anticorruption, ce n'est pas vrai, c'est une championne de la diffamation", avait-il accusé en marge de l'audience.

"Quand on a été 30 ans magistrat, on ne diffame pas ainsi", a brocardé le conseil, avant de réclamer réparation pour sa cliente qui "n'accepte pas que son honneur puisse être traîné dans la boue".

Le parquet n'a pas été convaincu. "Pour moi, l'imputation est à l'encontre de M. Le Pen et non de Mme Le Pen", a ainsi expliqué lors d'un réquisitoire-éclair la représentante du ministère public, Diane N'Gomsik. "Vous ne pourrez que relaxer" Mme Joly, "car à mon sens, (Marine Le Pen) n'est pas visée", a-t-elle conclu.

Ce n'est pas la première fois qu'Eva Joly tient des propos à la limite de la diffamation. La semaine dernière, elle avait reproché à Nicolas Sarkozy d'être cerné par des "affaires gravissimes".

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