Le PS évoque le nom de Nicolas Sarkozy après l'incarcération de M. de Maistre
Le parquet a demandé lundi le maintien en détention de Patrice de Maistre. L'ex-gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt avait été placé jeudi en détention provisoire. Le PS a évoqué le nom de Nicolas Sarkozy dans cette affaire.
Patrice de Maistre, l'ex-gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, dort en prison depuis jeudi. Déjà mis en examen le 15 décembre dernier, notamment pour escroquerie et abus de confiance, l'ancien homme de confiance de la milliardaire avait été entendu une nouvelle fois jeudi par le juge bordelais Jean-Michel Gentil, chargé des enquêtes sur la fortune de Liliane Bettencourt depuis le dépaysement du dossier.
Ce dernier l'a mis en examen pour des faits nouveaux et il a été placé en détention provisoire jeudi soir.
Parmi ces faits nouveaux figure la perception par Patrice de Maistre d'une somme de près de trois millions d'euros dans le cadre d'une convention entre une société dont il était le gérant et Liliane Bettencourt, alors en situation de vulnérabilité, a précisé le parquet. Il est également reproché à Patrice de Maistre la perception indue de factures émises par cette même société à l'égard d'une autre société dont il était dirigeant, pour un bénéfice de 2,4 millions d'euros, a-t-on ajouté de même source.
400.000 euros en liquide
Bien que le parquet n'ait pas relevé ces motifs dans le communiqué de presse qu'il a diffusé vendredi, le quotidien Sud Ouest évoque aussi, parmi les reproches faits à M. de Maistre par la justice, le versement à deux reprises de 400.000 euros en liquide, en pleine campagne électorale de 2007, faits déjà évoqués mi-mars par l'hebdomadaire Marianne.
"Dans son ordonnance du 22 mars, le juge Gentil insiste sur les deux versements de 2007 qui l'intriguent en liaison avec la campagne électorale de Nicolas Sarkozy. Patrice de Maistre et Éric Woerth, le trésorier de l'UMP, ont admis s'être rencontrés une première fois le 19 janvier 2007 "à 8h30 dans un bar de Paris situé à proximité du siège de campagne du candidat Nicolas Sarkozy", écrit le juge, indiquait le dernier numéro du Journal du Dimanche.
Le premier aurait eu lieu le 5 février, soit à un moment où l'ancien ministre Éric Woerth , alors trésorier de l'UMP, et Patrice de Maistre se sont effectivement rencontrés, et où M. de Maistre avait dit à la comptable Claire Thibout qu'il devait remettre de l'argent à M. Woerth pour cette campagne.
Le second versement daterait du 26 avril, entre les deux tours de la présidentielle. Sud Ouest affirme "qu'une heure après ce versement, Liliane Bettencourt aurait eu une conversation avec le photographe François-Marie Banier, qui avait pour habitude de tout noter scrupuleusement dans son journal de bord". Elle aurait ainsi déclaré : "De Maistre m'a dit que Sarkozy avait encore demandé de l'argent, j'ai dit oui".
Le PS demande à Nicolas Sarkozy de s'expliquer
Lundi, le PS, par la voix de Benoit Hamon, a attaqué sur cette affaire en affirmant que le juge Gentil "a manifestement mis en lumière des mises à disposition par la famille Bettencourt de versement de 400 000 euros qui auraient pu correspondre à des rendez-vous de monsieur de Maistre avec monsieur Woerth d'une part et d'un rendez-vous d'André Bettencourt avec Nicolas Sarkozy".
'Les investigations se poursuivent. Elles confirmeront ou pas l'hypothèse d'un financement illégal en liquide de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Longtemps cette affaire Bettencourt a tourné autour de Nicolas Sarkozy. Il est aujourd'hui directement mis en cause, présumé innocent. Nous lui demandons de cesser de fuir, de s'échapper, de s'abriter derrière d'autres et qu'il s'explique sur la réalité de ces rendez-vous', a ajouté le porte-parole du PS.
Et le FN emboîte le pas
Dans l'après-midi, Wallerand de Saint Just, trésorier de la campagne de Marine Le Pen, a publié un communiqué demandant également des comptes au président de la République.
"Les soupçons sur la régularité du financement de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy existaient déjà. Ils sont considérablement renforcés. Nicolas Sarkozy doit maintenant avoir à répondre, avant le premier tour, à la question suivante : avez-vous reçu, pour la campagne de 2007, de l'argent liquide, notamment en provenance de la famille Bettencourt ? Dans l'affirmative, combien ? ", écrit M. de Saint-Just.
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