Le président de la République a été reçu vendredi pour la 2e fois au Vatican depuis son élection
Officiellement, l'entretien qualifié de "cordial" par le Vatican, a porté sur les questions internationales, et notamment la situation des chrétiens dans le monde.
Cette visite était destinée en réalité à enterrer la polémique sur la politique de Paris à l'égard des Roms, sujet qui n'a finalement été évoqué que de façon allusive lors d'une prière.
Organisée à la demande de la partie française, cette visite intervient après un mois d'août marqué par des échanges vifs entre des évêques français et le gouvernement sur fond de multiplication des expulsions de Roms à la suite du tour de vis sécuritaire annoncé fin juillet par Nicolas Sarkozy.
Le 22 août, alors que la polémique sur le démantèlement des camps illégaux et les expulsions de Roms faisait rage en France, Benoît XVI avait publiquement souligné, dans un message lu en français, la nécessité de "savoir accueillir les légitimes diversités humaines".
Ce rappel papal avait alors été ajouté à la longue liste des critiques, parfois violentes, adressées au gouvernement, notamment par des organisations caritatives et quelques membres du clergé français.
Un tête-à-tête d'une demi-heure
L'air grave et tendu à son arrivée, Nicolas Sarkozy a reçu un accueil chaleureux et en français de Benoît XVI, qui a évoqué "l'âme catholique de la France" avant de le voir en tête-à-tête pendant une demi-heure dans sa bibliothèque.
"Merci pour tout ce que vous faites pour la France et pour la chrétienté", a déclaré le pape à l'issue de cet entretien.
Dans le communiqué du Saint-Siège publié à l'issue de la rencontre, la question des Roms n'est pas mentionnée. Est seulement indiqué que "l'importance de la dimension éthique et sociale des problématiques économiques, dans la perspective proposée par l'encyclique 'Caritas in Veritate' a été soulignée."
"Prière pour la France" et "pour l'accueil des persécutés et des immigrés"
Le cardinal français Jean-Louis Tauran a été plus explicite par la suite lors d'une "prière pour la France" célébrée dans la basilique Saint-Pierre en présence du chef de l'Etat.
Il a demandé ainsi à Dieu d'apporter "au peuple de France et à ses dirigeants courage et persévérance" pour agir en faveur de la paix, de la justice, de l'emploi, de l'éducation, de la santé, de l'environnement et de la sécurité mais aussi "pour l'accueil des persécutés et des immigrés".
Recevant une trentaine de hauts prélats pour un déjeuner à l'ambassade de France près le Saint-Siège, Nicolas Sarkozy a déclaré pour sa part que la lutte contre l'immigration illégale, "qui produit tant de détresse et de drames", était un "impératif moral".
Au plus bas dans les sondages, Nicolas Sarkozy tente ainsi semble-t-il une reconquête d'un électorat catholique qui avait majoritairement voté pour lui en 2007.
Qui était cette fois du voyage ?
Le "curé des loubards" Guy Gilbert et l'humoriste Jean-Marie Bigard, dont la présence avait détonné lors de sa précédente audience papale en décembre 2007, n'étaient pas du voyage.
Ils ont cédé la place au politologue Patrick Buisson, un ancien journaliste d'extrême-droite aujourd'hui conseiller écouté du chef de l'Etat. Celui qui dirige la chaîne de télévision "Histoire", se présente comme un "catholique de tradition".
Bruno Frappat, l'ancien patron de La Croix et ancien journaliste au Monde, plus représentatif des catholiques de gauche, était aussi du voyage.
Les écrivains Denis Tillinac et Alix de Saint-André accompagnaient également le chef de l'Etat, de même que l'ancien ministre et commissaire européen Jacques Barrot, aujourd'hui membre du Conseil constitutionnel.
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