Le Nouveau Centre cherche des habits neufs
Un ministre de la Défense à la tête d'une machine de guerre. Et ce n'est pas contre le Parti socialiste qu'elle est lancée. L'objectif est bien de capter l'héritage de l'UDF, jusqu'à présent revendiqué par son ancien patron, François Bayrou. Autre enjeu, se démarquer de l'UMP, sans rompre avec elle, contrairement - là encore - à François Bayrou.
Hervé Morin restera sans doute aux manettes. Lui qui a été désigné il y a un an par les autres membres fondateurs du NC, se veut sacré par le suffrage des militants - 7.000 revendiqués. Contre lui, une modeste candidate des Bouches-du-Rhône, qui motive son geste par la noble ambition de “faire entendre la voix de la base”.
Faux-nez de l'UMP
C'est d'abord sa propre voix que le parti espère faire entendre, à côté d'une UMP aux tendances hégémoniques. Créé dans l'ombre de la candidature de Nicolas Sarkozy, le NC passe pour un faux-nez du parti présidentiel, destiné à déplumer le MoDem de François Bayrou, qui a choisi une stratégie d'opposition. Le problème, c'est que le grand cousin n'est pas très partageur. Le NC estime avoir été lésé dans la constitution des listes aux municipales. Il vise donc un cavalier seul aux européennes de l'an prochain. Un résultat électoral honorable lui donnerait le poids qui lui manque face à l'UMP.
Mais la grande affaire reste de couper l'herbe centriste sous le pied de François Bayrou. Et se présenter comme l'héritier légitime de la défunte UDF. Le congrès aura donc une priorité : trouver un nouveau nom. “François Bayrou a gagné l'acte I de la bataille médiatique et a réussi à faire passer pour des traîtres ceux qui ont voté Nicolas Sarkozy au second tour de la présidentielle”, peste Maurice Leroy, ancien fidèle parmi les fidèles du Béarnais. Il espère qu'un nouveau nom, moins connoté sarkozyste, permettra à d'autres personnalités ex-UDF ou MoDem de franchir le pas la tête haute.
En attendant d'éclater au grand jour, le rapprochement se poursuit en coulisse. Les 22 députés NC se sont rapprochés des centristes du Sénat, présidés par un “ex-bayrouiste” encore un peu effarouché. Et le NC rue courtoisement dans les brancards de la majorité en demandant que le projet constitutionnel interdise le déficit budgétaire et introduise une dose de proportionnelle. Mais l'UMP n'en veut pas. François Bayrou s'est donc offert le plaisir de mettre le Nouveau Centre au défi de refuser de voter la réforme constitutionnelle pour prouver son indépendance. Pour l'instant, le gant reste à terre.
Grégoire Lecalot, avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.