Le ministère de la Justice épinglé pour 40 000 emplois au noir
La chancellerie assure que cette situation est en cours de régularisation.
Des emplois illégaux au ministère de la Justice. La Chancellerie est durement épinglée par un rapport d'inspection interministérielle pour l'emploi de 40 500 personnes non déclarées. Ce rapport, révélé par Le Canard Enchaîné à paraître mercredi 2 septembre, évalue à près de 50 000 le nombre de ces "collaborateurs occasionnels du service public" employés par différents ministères, dont "40 500 pour le seul ministère de la Justice".
Ces employés - interprètes, experts, médiateurs ... - qui sont souvent amenés à intervenir quotidiennement, sont considérés comme des prestataires, rémunérés à l'heure : "le ministère de la Justice n'applique aucun assujettissement aux cotisations sociales et assimile les indemnités de ses collaborateurs à des prestations sans pour autant mettre en place les conditions de leur assujettissement à la TVA", selon le rapport, rendu à l'été 2014.
"La ministre a la volonté d'agir"
Le document, qui souligne que cette pratique est très ancienne, estime qu'en cas de poursuites judiciaires collectives, le coût pour les finances publiques serait "de l'ordre d'un demi-milliard d'euros". Plusieurs plaintes individuelles ont déjà été déposées, notamment par des traducteurs-interprètes: "Ce sont des personnes qui travaillent exclusivement sur réquisition des autorités de police ou judiciaires. C'est 100% de leur activité professionnelle", affirme leur avocat Maître David Dokhan au micro de la radio France Inter, précisant que ses clients n'avaient "pas de bulletin de salaire" et "aucune protection sociale".
"La ministre (Christiane Taubira) a la volonté d'agir et de s'emparer du sujet", a assuré le porte-parole adjoint du ministère, précisant qu'"un plan d'action a été décidé", avec notamment le recrutement rapide de 45 interprètes. "Un décret est prévu pour début 2016 pour clarifier leur statut (celui de tous les collaborateurs occasionnels)" et "il y aura un versement progressif des cotisations sociales", a-t-il expliqué. Cette régularisation aura un coût élevé pour l'Etat, mais aussi pour ces collaborateurs, dont les salaires étaient majorés d'environ 30% en l'absence de tout prélèvement, relève le rapport, qui note un risque de "tarissement du recrutement de certaines personnes intervenant ponctuellement".
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