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Le FN séduit de plus en plus "les oubliés"

Selon un sondage exclusif TNS Sofres pour France Info, les Français sont de plus en plus nombreux à adhérer à certaines thèses du Front national, notamment le rétablissement de la peine de mort ou la défense des valeurs traditionnelles. Illustration d’une France qui se reconnait dans les idées de l’extrême-droite dans un village de Seine-et-Marne.
Article rédigé par Anne-Laure Dagnet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (Réau est un village de 1.500 âmes en Seine-et-Marne, dirigé par une mairie divers droite. © Anne-Laure Dagnet/RadioFrance)

Les électeurs de l’UMP sont de plus en plus nombreux à souhaiter des alliances avec le FN pour les élections départementales et régionales, soit 10 points de plus qu’il y a un an. C’est l’un des résultats d’un sondage TNS Sofres pour France Info, Le Monde et Canal Plus sur "L’image du Front national"  (sondages du 29 janvier au 2 février réalisé auprès de 1031 personnes).  Cette enquête révèle également que les Français, de droite mais aussi de gauche, sont de plus en plus nombreux à adhérer à certaines thèses du Front national. Les électeurs les plus sensibles aux discours du FN s'avèrent être les habitants de zones péri-urbaines. Immersion dans l'une d'elles, en Seine-et-Marne.

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"Ils y vont fort mais il y a de bonnes choses"

Réau, c’est un village de 1.500 habitants à 10km au nord de Melun. Un bourg résidentiel et agricole coincé entre deux bretelles de l’autoroute A5. Ici il n’y rien hormis un café et une école. Pas de délinquance, peu de chômage et peu d’immigration.  Pourtant le FN progresse au fil des élections. Le parti de l'extrême-droite a atteint 38% aux européennes de 2014 et 31% lors des cantonales de 2011.

Christian Boey vit à Réau depuis 33 ans. S'il a toujours voté à droite, le retraité reconnait que le FN le séduit.  "Le FN... Ils y vont un peu fort de temps en temps mais il y a quand même de bonnes choses. Renforcer les pouvoirs de police c'est primordial. Les délinquants, ça ne sert à rien de les arrêter et de les laisser partir au bout de trois ans. Les 3/4 des gens qui viennent chez nous, ils viennent pour récolter le RMI ou la Sécurité sociale sans avoir travaillé chez nous bien souvent. Alors que chez nous, vous avez des gens qui travaillent toute leur vie et ils arrivent à l'âge de la retraite et ils ont à peine de quoi vivre."

La peur en face de chez soi

Le retraité critique également le gouvernement actuel qu'il juge enclin "à favoriser les fainéants".   Dans ce village, où les commerces sont quasi-inexistants, les habitants sont obligés de se déplacer dans les communes voisines. Pour le maire divers droite de Réau Alain Auzet, c’est ce que les Réaltais voient autour d’eux qui les inquiètent.

"Vous avez besoin d'acheter une baguette, vous êtes obligé d'aller dans la commune d'à côté. Dans ces communes, il y a des quartiers avec des taux très importants de logements sociaux. Des taux qui vont jusqu'à 60%" , raconte Alain Auzet. "Ce sont des quartiers qui maintenant posent problème, alors en se déplaçant dans ces villes très proches, les habitants de Réau ressentent cette insécurité et ils la véhiculent jusque dans leur commune." 

  (Alain Auzet est le maire de la commune. © Anne-Laure Dagnet/Radio France)

Séduire les oubliés

Les zones péri-urbaines deviennent jour après jour un terreau fertile pour le Front national. Nicolas Bay est spécialiste de la carte électorale au FN, il constate que le parti d'extrême-droite prospère dans ce genre de communes éloignées des centres villes et des services publics.

"Dans ces secteurs péri-urbains, il y a un très fort sentiment d'abandon. C'est ce que Marine Le Pen appelle "la France des oubliés". Une terminologie qui rassemble ceux qui ne sont pas dans les grandes villes et qui ne font pas l'objet d'attention particulière par les pouvoirs publics" , énumère Nicolas Bay. "Ils se détournent alors naturellement de l'UMPS qui les a trahis."

A Réau, comme dans bien d'autres villages français, ils sont de plus en plus nombreux à voter pour le Front national, mais pas encore une majorité à estimer que le parti de Marine Le Pen est capable de gouverner.

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