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Le boycott de Hollande par des dirigeants de l'UE "pourrait lui profiter"

Selon le journal "Der Spiegel", Merkel, Rajoy, Monti et Cameron se seraient entendus pour ne pas recevoir le candidat PS. Une position à double tranchant, selon Jérome Fourquet, de l’Ifop.

Article rédigé par Salomé Legrand - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
François Hollande en meeting au palais des sports de Lyon (Rhône), jeudi 1er mars 2012.  (JUSTE PHILIPPE / MAXPPP)

Un boycott de François Hollande par les dirigeants conservateurs européens ? C’est ce qu’affirme, lundi 5 mars, le quotidien allemand Der Spiegel (article en anglais). Le journal explique qu’Angela Merkel, Mario Monti, Mariano Rajoy et David Cameron se sont entendus pour ne pas recevoir le candidat socialiste. Même si le porte-parole de la chancelière allemande a démenti l'information lundi, la question est désormais posée.

Si le gouvernement en a profité pour ironiser sur les capacités de François Hollande dans le domaine international, la polémique pourrait cependant lui profiter. Le regard de Jérome Fourquet, directeur du département opinion de l’institut d'études Ifop.

FTVi : Quelle influence cette polémique peut-elle avoir sur la campagne ?

Jérôme Fourquet : D’abord, il faut vérifier si ces affirmations sont vraies. Et surtout savoir si elles vont parvenir jusqu'aux électeurs français. Mais si tel est le cas, paradoxalement, je pense que ce serait favorable à François Hollande.

FTVi : Pourquoi ?

J. F. : Autant ça ne pose pas vraiment de problème qu’Angela Merkel soit annoncée dans des meetings pour soutenir Nicolas Sarkozy. Cela s’est déjà vu. L'apparition de Nicolas Sarkozy aux côtés de Barack Obama peut aussi être bien perçue. Les intentions de vote ne s'en trouvent pas beaucoup modifiées.

Mais si cette information est vérifiée, cela veut dire que, au plus haut niveau de différents pays européens, on se permet de préférer, voire de choisir un candidat. Qu'il y aurait des dirigeants plus ou moins conformes aux désirs des autres leaders. C’est tout à fait inédit. Cela concrétiserait cette idée assez répandue en France de la "tutelle de Bruxelles". Or, les Français sont assez attachés à la souveraineté nationale. Au lieu d’affaiblir François Hollande, ça pourrait susciter une réaction d’orgueil chez les électeurs français.

FTVi : Pourquoi le gouvernement en profite-t-il pour souligner le manque d’envergure de François Hollande à l’échelle internationale ?

J. F. : L'argument qui consiste à dire : "Regardez, il n’est pas reconnu, les autres ne veulent pas le recevoir" est assez maladroit. Les Français peuvent penser : "Ce n’est pas à madame Merkel de choisir notre président !" Quelque part, cet épisode peut même accréditer l’idée que François Hollande dérange, que si les autres n’en veulent pas, c’est peut-être qu’il sera capable de taper du poing sur la table.

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