La retraite à 70 ans examinée au Sénat
Rien à faire. Ce n'est pas franchement ce qu'on pourrait appeler un amendement populaire. Deux tiers des Français s'y disent d'ailleurs opposés, selon un récent sondage CSA. De quoi parle-t-on ? De l'amendement, examiné au Sénat à partir d'aujourd'hui "permettant aux salariés qui le souhaiteraient de travailler jusqu'à 70 ans".
Car l'âge de la mise à la retraite d'office est actuellement fixé à 65 ans. Il est bien possible de continuer après, à condition que l'employeur donne son accord. Les députés UMP proposent de rajouter cinq ans de plus, tout bonnement. L'employeur n'aurait plus son mot à dire.
Mais pas question de toucher au sacro-saint âge de la retraite, qui reste fixé, lui, à 60 ans ! Les politiques le savent, ils marchent sur des œufs.
D'autant qu'après son adoption, à l'Assemblée nationale, le texte a suscité un vif débat. Jusqu'au sein du Medef. Le syndicat patronal s'est officiellement réjoui d'une bonne nouvelle, mais certains se sont interrogés à voix haute : “Que fait-on si une personne n'est plus apte à remplir son poste mais refuse de partir à 65 ans ?”
Les syndicats, eux, se sont insurgés contre “un faux choix”, selon l'expression de François Chérèque, de la CFDT. “On nous vend la mesure pour quelques cadres qui voudront continuer à travailler, mais pour les personnes qui auront eu des carrières morcelées, les femmes qui se seront arrêtées et se retrouveront avec une petite retraite, de quelle liberté s'agit-il? Aux pauvres, on donne un drôle de choix.”
Ce petit amendement, passé pratiquement inaperçu au départ, soulève en effet un vrai problème de société... qui n'est pas près de s'éteindre.
_ Sauf que le législateur semble décidé à aller vite. Si les sénateurs ne modifient pas le texte des députés, le texte pourrait entrer en vigueur dès le 1er janvier prochain.
Guillaume Gaven
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