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Une députée LREM du Rhône a-t-elle fait la promotion d'un SUV dans un magazine lyonnais ?

Anne Brugnera a testé un véhicule Volvo à l'invitation du mensuel "Nouveau Lyon". Contactée par franceinfo, elle défend une "opportunité d'exprimer son opinion sur les questions de mobilité".

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Capture d'écran de la rubrique test automobile du mensuel "Nouveau Lyon" avec la députée LREM lyonnaise Anne Brugnera, dans son édition de novembre 2019. (NOUVEAU LYON)

"Elle est super belle", s'enthousiasme-t-elle dans les colonnes du magazine. Anne Brugnera, la députée LREM de la 4e circonscription du Rhône, a testé une Volvo pour le mensuel Nouveau Lyon. L'article, publié dans le numéro de novembre du magazine, a provoqué les réactions outrées de nombreux militants écologistes et responsables d'Europe Ecologie-Les Verts, mais aussi de Greenpeace, mercredi 23 et jeudi 24 octobre. Tous reprochent à l'élue de la majorité d'avoir fait la promotion d'un SUV, un type de véhicule décrié pour la pollution qu'il génère, alors même que l'Assemblée nationale débat du projet de loi Mobilités et que les préoccupations environnementales mobilisent l'opinion publique.

Contactée par franceinfo, Anne Brugnera répond aux critiques par l'intermédiaire de son secrétariat. La députée explique qu'elle n'a pas choisi le type de voiture testée et qu'elle "a découvert le modèle du véhicule à son arrivée". Elle ajoute qu'elle "n'a bien évidemment pas été rémunérée pour cet essai" et qu'elle "n'a jamais eu l'intention de promouvoir un quelconque véhicule". L'élue de la majorité a certes joué le jeu du test automobile dans la presse locale, mais elle tient à préciser qu'elle "prône bien un usage mixte des mobilités alliant transports en commun, vélo, marche à pied et occasionnellement la voiture".

D'une phrase, l'article glisse d'ailleurs que, si elle conduit une Jeep lorsqu'elle est dans sa maison de campagne, elle privilégie "au quotidien" la marche à pied, les vélos en libre-service de la métropole lyonnaise, les transports en commun et le TGV pour se rendre à l'Assemblée. Ce qui fait dire à la députée qu'elle "y a vu l'opportunité d'exprimer son opinion sur les questions de mobilité". En outre, elle "a trouvé particulièrement intéressant que le sujet voiture, généralement genré, soit abordé par le prisme d'une femme".

"Personne n'est rémunéré"

Sollicité par franceinfo, le groupe LREM à l'Assemblée nationale "comprend que cet article puisse émouvoir", mais n'entend pas s'en saisir. Le code de déontologie des députés ne se prononce pas sur ce type de sujet. Dans sa fiche de synthèse sur le statut du député, l'Assemblée nationale affirme que "pour éviter toute atteinte à la dignité de la fonction parlementaire, un député ou un sénateur ne peut user de sa qualité à des fins publicitaires". Mais en l'occurrence, Anne Brugnera n'a pas pris part à une publicité mais à un article de presse.

La rédaction de Nouveau Lyon, jointe par franceinfo, défend elle aussi sa "rubrique de fin de magazine" et son choix d'avoir demandé à une députée de la majorité de tester une voiture d'une catégorie très critiquée par les écologistes. "Chaque mois une personnalité teste un modèle différent", se justifie la rédaction. D'où l'idée de solliciter la députée du Rhône. Quant au modèle choisi, la rédaction poursuit : "Le mois précédent, c'était une hybride. C'est nous qui choisissons les modèles. On varie évidemment (marque, gabarit, motorisation...). On choisit un modèle qui nous paraît a priori performant." Et le magazine d'assurer lui aussi que "personne n'est rémunéré" pour ce test.

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