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Dans une note adressée à Emmanuel Macron, Gilles Le Gendre remanie le gouvernement

Le président du groupe majoritaire à l’Assemblée nationale prône un changement de Premier ministre et dresse la liste des candidats qui pourraient le remplacer. 

Article rédigé par franceinfo - Jean-Jérôme Bertolus
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Gilles Le Gendre, à l'Assemblée nationale, le 3 mars 2020. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Dans une note adressée à Emmanuel Macron, révélée par l’hebdomadaire Marianne vendredi 5 juin, Gilles Le Gendre, le président du groupe majoritaire à l’Assemblée nationale, prône un changement de Premier ministre et dresse la liste des candidats aptes à le remplacer. "C’est imprudent et impudent, cingle un ministre. Gilles Le Gendre a signé son arrêt de mort." Un autre ministre se dit "consterné ! Comment ose-t-il donner des leçons à tout le monde, y compris en matière de charisme ?"... "Grandeur et décadence ; insupportable", réagit Bruno Questel, député de la République en marche de l’Eure, dans un tweet publié vendredi après-midi.

Gilles le Gendre garde le silence. Mais dans un message posté sur la boucle Telegram des députés, il souligne que la divulgation de la note comporte de nombreuses "contre-vérités" et "interprétations tendancieuses", tout en refusant de commenter ses échanges avec le chef de l’État. "Les réflexions de Gilles Le Gendre sur la refonte du gouvernement n’apportent pas grand chose de nouveau. Mais que ce genre de note finisse dans les journaux, c’est un problème", constate un secrétaire d’État.

Car auprès d’Emmanuel Macron, le président du groupe parlementaire ne prend pas de gants. Il plaide ouvertement pour un changement de Premier ministre. "Le choix du Premier ministre doit remettre l’exécutif dans le bon sens", écrit-il. Pour Gilles Le Gendre, Edouard Philippe ne jouerait pas son rôle d’animateur du gouvernement : "Le gouvernement doit être un vrai collectif, ce qui n’a jamais été le cas depuis trois ans". Le Premier ministre accusé aussi de se désintéresser des "affaires de la majorité", dont il est censé pourtant être le chef.

Qui pour remplacer Edouard Phillipe ?

"Dans le groupe, aucun candidat crédible" pour remplacer le Premier ministre, tranche abruptement Gilles Le Gendre. Une sentence qui pourrait lui coûter cher mardi 9 juin lors de la réunion de groupe. Plusieurs figures de La République en marche exigent "une franche explication" ou "des excuses". "On n’en est plus là, il faut voter son départ", insiste une députée.

Dans sa note, Gilles Le Gendre passe en revue les candidats possibles pour Matignon. D’abord Jean-Yves Le Drian, l’actuel ministre des Affaires étrangères, qui offrirait un intéressant "contraste de générations" avec Emmanuel Macron… Ou encore Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie malgré son "faible charisme". Autres personnalités possibles, "Olivier Véran, Marc Fesneau et Didier Guillaume", disposant tous les trois d’"atouts et de fragilités très différents". Gilles Le Gendre se verrait bien d’ailleurs lui même cumuler le poste de ministre en charge des relations avec le Parlement et celui de porte-parole, à la place de Marc Fesneau et de Sibeth Ndiaye.

Un petit déjeuner mardi avec le Premier ministre

Déjà fragilisé par la création d’un 9e et d’un 10e groupe à l’Assemblée nationale, au détriment de La République en marche désormais privée de la majorité absolue, Gilles Le Gendre marche sur des braises. Avec, juste avant la réunion de groupe, le traditionnel petit déjeuner hebdomadaire de la majorité à Matignon en présence d’Edouard Philippe. Au menu, viennoiseries et une probable ambiance à couper au couteau. "Edouard Philippe fera sûrement un trait d’humour", veut croire un membre de la majorité qui sera mardi autour de table. Pour masquer son énervement ?

La fébrilité s’est emparée de la majorité. Le changement de gouvernement, qui devrait intervenir entre le deuxième tour des municipales et le 14 juillet, pourrait entraîner une profonde modification des périmètres ministériels et de l’organisation de la majorité. Alors chacun phosphore. Tente de se placer. De sauver sa place. "Les trois prochaines semaines vont être longues", soupire un ministre. "Tout le monde tire sur tout le monde", observe un autre membre de l’exécutif. Au sein du gouvernement, on s’interroge sur l’origine de cette fuite visant à éliminer Gilles Le Gendre. Vendredi, l’entourage présidentiel constatait que "ce n’est pas le président qui choisit le premier des marcheurs à l’Assemblée", tout en assurant que "Gilles Le Gendre fait partie de ceux que le président consulte souvent et régulièrement". Jusqu’à quand ?

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