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La nomination de Jacques Toubon comme Défenseur des droits hérisse la gauche

Deux députés PS appellent leurs collègues parlementaires à rejeter cette nomination.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'ancien ministre Jacques Toubon, le 18 mars 2014, à l'Elysée, à Paris. (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Haro sur Jacques Toubon. Plusieurs voix s'élèvent contre la nomination, proposée par François Hollande, de l'ancien ministre de Jacques Chirac au poste de Défenseur des droits.

Animateurs du courant La gauche forte à l'Assemblée nationale, les députés PS Alexis Bachelay et Yann Galut invitent leurs collègues parlementaires à "rejeter cette proposition de nomination".

Dans une tribune publiée sur Rue89, ils estiment que "nommer à ce poste un homme qui s’est prononcé contre l’abolition de la peine de mort, contre la dépénalisation de l’homosexualité, serait un signal désastreux sur la capacité de cette institution à rendre des décisions propres à favoriser la non-discrimination et la défense des citoyens quelles que soient leurs origines, leurs sexualités, leurs opinions".

Les deux députés socialistes rappellent l'épisode qui avait vu Jacques Toubon tenter d'étouffer une affaire. L'ancien ministre de la Justice avait affrété un hélicoptère dans l'Himalaya pour rapatrier un procureur de la République "dont l’adjoint venait d’ouvrir une information judiciaire contre Xavière Tiberi".

Une pétition en ligne

Une pétition sur internet a été mise en ligne par le conseiller régional d'Ile-de-France Julien Bayou et Mehdi Ouraoui, membre du conseil national du PS et ancien bras droit d'Harlem Désir au siège du parti. "Par le passé, Jacques Toubon s'est opposé à la loi d'abolition de la peine de mort de Robert Badinter, opposé à la dépénalisation de l'homosexualité, opposé à la création du délit de révisionnisme, et s'est montré favorable aux commandos anti-IVG", argumentent-ils.

La gauche n'est pas la seule à s'insurger. La sénatrice UDI Nathalie Goulet rappelle ainsi que Jacques Toubon avait invoqué "l'ordre public" pour s'opposer à l'union civile des homosexuels en 1995.

Sur Le Plus du Nouvel Obs, le chroniqueur Bruno Roger-Petit vole au secours de Jacques Toubon, victime selon lui d'un "procès injuste" : "Il y eut deux votes le 18 septembre 1981. Le premier, numéro 59, portant sur l'essentiel et libellé ainsi : 'La peine de mort est abolie'. Ils furent 16 députés RPR à le voter", dont Jacques Toubon. "Et il y eut un second vote, sur l'ensemble de la loi, portant numéro 60, et que Jacques Toubon n'a pas voté, estimant que l'abolition de la peine de mort sans institution d'une peine lourde et dissuasive rendait le dispositif incertain."

La nomination de Jacques Toubon devra être avalisée par le Parlement. Les députés réfractaires n'ont que peu de chance de voir sa désignation rejetée. En effet, pour qu'elle soit refusée, il faudrait que l'addition des votes négatifs au sein de la commission des Lois de l'Assemblée et de celle du Sénat atteigne au moins les trois cinquièmes des suffrages exprimés.

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