La "France du non" des électeurs du Front national et du Front de gauche est un enjeu du second tour
Le spectre de la France du non ressurgit. C'est elle qui fera la différence, a assuré Henri Guaino, lundi 23 avril, sur France 2. Le camp Hollande, comme celui de Sarkozy, s'active pour récupérer ces voix du Front national ou du Front de gauche.
Populiste, xénophobe (vu de gauche), ancrée sur ses acquis, rétive à une mondialisation inéluctable (vu de droite), la France qui avait dit "non" à 55 % au traité constitutionnel européen le 29 mai 2005 fera-t-elle la différence au deuxième tour, le 6 mai ? Une France anti-élites, anti-Bruxelles, anti-parti de gouvernement, et, pour une bonne part, anti-immigration.
Oui, a assuré lundi 23 avril, le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino. "Oui, a-t-il martelé à l'émission Mots Croisés, "il faudra reparler de l'Etat, des frontières, de la puissance publique". Et encore : "non, les marchés ne peuvent pas guider le monde". Le camp Sarkozy se lance donc à l'assaut du vote protestataire d'extrême-droite, pour le second tour.
Le camp Sarkozy s'active à récupérer les voix du FN
Faute d'avoir pu, comme en 2007, siphonner le vote Front national dès le premier tour, le président-candidat, Nicolas Sarkozy, a annoncé mardi à Longjumeau qu'il préciserait ses "engagements" envers les électeurs de Marine Le Pen mercredi soir sur TF1 et à l'émission Des paroles et des actes sur France 2 jeudi.
En attendant, le président comme son équipe ont multiplié mardi les attaques contre François Hollande et sa promesse de donner le droit de vote des étrangers aux élections locales.
Le camp Hollande comprend "la désespérance"
François Hollande, lui, s'est rendu mardi dans l'Aisne, département où Marine Le Pen est arrivée en deuxième position, pour s'adresser " à tous les électeurs, à toutes les électrices".
Le matin même sur Radio-Classique, le député de l'Indre Michel Sapin (PS) avait estimé qu'"il faut parler" à ceux qui ont voté Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon. Evoquant "les déchirures et les blessures du tissu social et du tissu économique de la France", il s'est interrogé sur la "désespérance sociale" que traduisait leur vote.
Marine Le Pen n'entend lâcher ses voix
Marine Le Pen lâchera-t-elle ainsi les 6,4 millions de Français (17,9% des voix) qui ont voté pour elle au premier tour ? Il suffisait de voir son sourire conquérant lundi soir sur France 2 pour en douter.
Refusant de donner une consigne de second tour, elle a dépeint une nouvelle fois les duettistes encore en lice en marionnettes de Bruxelles. "MM. Hollande ou Sarkozy ne sont pas candidats des présidents de la République, ils sont candidats à la gestion sous tutelle de la troïka".
La "troïka", ce trio composé du FMI, de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne, chargé de gérer les crises des dettes souveraines en Europe, fait figure d'épouvantail à la droite de l'UMP comme à la gauche du PS. Le message est clair : aucun des deux candidats ne représente la souveraineté populaire.
Se moquant d'un second tour dont elle est absente, Marine Le Pen fait campagne pour "le troisième tour" : les législatives, où le FN "pourrait se maintenir dans 353 circonscriptions". Dans la ligne de mire de celle qui a obtenu 2,6 millions de voix de plus que son père en 2007, la présidentielle de 2017.
Mélenchon : "nous serons au pouvoir dans dix ans"
Contrairement à Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon a donné une consigne de vote et appelé lundi soir sur France 2 à mettre un bulletin Hollande dans l'urne.
Comme la candidate du FN, le chantre du "non" en 2005 -contre son parti et le premier secrétaire du PS de l'époque François Hollande- voit au-delà du 6 mai. "Nous serons au pouvoir dans dix ans", a-t-il promis le soir du premier tour à ses 4 millions d'électeurs (11,1% des voix).
Lui aussi entend présenter un maximum de candidats dans les législatives. "Il s'agit, a-t-il clamé au 20h de France 2, de retourner la table, de renverser la tendance qui en Europe maintient les peuples sous le joug de l'axe Sarkozy-Merkel".
2012 marquera-t-il un tournant dans cette politique, comme l'espère la presse grecque qui choisit François Hollande, y voyant un camouflet pour la politique d'austérité voulue par le couple Sarkozy-Merkel ?
L'enjeu est d'importance, dans une Europe où la crise fait monter les partis d'extrême-droite. En France, le 22 avril, Marine Le Pen s'est classée deuxième chez les 25-49 ans, dans la France des actifs. De quoi la rendre optimiste, pour 2017.
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