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La Cour des comptes épingle la gestion des banlieues

A l’aube du énième plan Banlieue, une enquête de la Cour des comptes commandée par la commission des Finances du Sénat épingle sévèrement la conduite par l’Etat de sa politique de la ville.
Article rédigé par franceinfo
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Près de 30 ans de politique de la ville et la situation ne s’est guère améliorée dans les quartiers populaires. Dans un rapport de 130 pages consacré à la gestion des crédits de l’Etat versés aux banlieues depuis 2002, la Cour des comptes pointe une série de dysfonctionnements qui vont des lourdeurs dans l’instruction des dossiers aux retards de versement des subventions, en passant par la superposition des dispositifs aux effets difficiles à évaluer.

En première ligne, les 19 ministres ou secrétaires d’Etat qui se sont succédé à la politique de la ville depuis 1990. De Michel Delebarre à Jean-Louis Borloo, en passant par Martine Aubry, Bernard Tapie ou Eric Raoult, chacun a voulu imprimer sa marque. Résultat, pas moins de 13 lois votées en 17 ans. Des textes dont l’efficacité est difficile à mesurer sur le terrain.

Autre problème, les dizaines d’appellations dans lesquelles les maires se perdent : les ZUS (zone urbaine sensible), ZEP (zone d’éducation prioritaire) et autre CUCS (contrat urbain de cohésion sociale)… Autant de sigles qui illustrent ce mal bien français de superposer des dispositifs jamais remis en cause. Leur enchevêtrement avait déjà été très critiqué par la Cour des comptes en 2002. Cinq ans plus tard, les lourdeurs sont toujours là.

Le rapport d’enquête souligne enfin le désengagement de l’Etat. Les subventions promises pour janvier et versées à l’automne (quand elles sont versées) étranglent les associations. Quant au Comité interministériel des villes (CIV) créé en 1984 et présidé par le Premier ministre, il n’a jamais été convoqué par Jean-Pierre Raffarin entre 2002 et 2005. Il aura fallu le soulèvement des banlieues, près d’un mois de couvre-feu et d’état d’urgence à l’automne 2005, pour provoquer sa réactivation.

Dans les cités, le taux de chômage (22%) reste deux fois supérieur à la moyenne nationale selon l’Observatoire des inégalités. Quatre fois supérieur (42%) chez les 15-24 ans (chiffres 2005). L’an dernier, l’Etat a dépensé quatre milliards d’euros pour sa politique de la ville.

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