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La chef de file UMP pour les régionales en Ile-de-France a "condamné" mardi la montée au créneau de Francis Delattre

Le maire UMP de Franconville a lancé des accusations contre le candidat PS qui ont été démenties."Au vu des déclarations du procureur de la République de Pontoise", Valérie Pécresse "condamne l'initiative de Francis Delattre qui a conduit à évoquer à l'égard d'Ali Soumaré une condamnation prescrite" et "à lui imputer la condamnation d'un homonyme."
Article rédigé par France2.fr
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Ali Soumaré, tête de liste PS aux régionales dans le Val-d'Oise (AFP / Fred Dufour)

Le maire UMP de Franconville a lancé des accusations contre le candidat PS qui ont été démenties.

"Au vu des déclarations du procureur de la République de Pontoise", Valérie Pécresse "condamne l'initiative de Francis Delattre qui a conduit à évoquer à l'égard d'Ali Soumaré une condamnation prescrite" et "à lui imputer la condamnation d'un homonyme."

Ainsi, une des affaires mises sur le dos d'Ali Soumaré, candidat PS dans le Val-d'Oise, par des élus de l'UMP n'existe tout simplement pas et serait due à une homonymie. La procureure de Pontoise Marie-Thérèse de Givry a fait une mise au point mardi, au sujet des affaires judiciaires imputées à la tête de liste PS dans le Val-d'Oise.

Depuis vendredi, l'opposition de gauche, mais aussi certains ministres, ont exprimé émotion voire indignation après que des élus UMP ont qualifié Ali Soumaré de "délinquant multirécidiviste chevronné". Les dernières déclarations de Valérie Pécresse n'ont ni apaisé la gauche, ni fait rentrer certains ténors de l'UMP dans le rang.

"A la campagne de déshonneur et à la bassesse des attaques dont a été victime Ali Soumaré, s'est ajoutée une campagne de mensonges", a déploré le député européen Harlem Désir à l'issue d'une réunion du Bureau national du PS, mardi soir à Paris. Quant à Ali Soumaré, 29 ans, il émet l'hypothèse que "les sondages trop mauvais" pour l'UMP puissent expliquer que des élus UMP de son département l'aient pris pour cible. Dans une interview à Libération mercredi, Ali Soumaré reconnaît par ailleurs que "ça va beaucoup mieux" depuis les déclarations de la procureure de Pontoise Marie-Thérèse de Givry.

Se démarquant de son collègue Francis Delattre, Valérie Pécresse a indiqué mardi soir dans un communiqué qu'elle "regrette cette démarche (de Francis Delattre, ndlr) qui ne correspond ni à sa conception de la politique, ni à ses valeurs (...) Dès la diffusion du communiqué de Monsieur Delattre sur Ali Soumaré, Valérie Pécresse avait demandé que toute la vérité soit faite et s'était engagée à condamner ces propos s'ils étaient entachés de la moindre inexactitude."

Réagissant aux déclarations de Valérie Pécresse, la secrétaire nationale des Verts Cécile Duflot a estimé mercredi que Valérie Pécresse ne pouvait pas "se dédouaner" de la campagne d'élus UMP contre Ali Soumaré dans le Val-d'Oise car dans une même équipe "il ne peut pas y avoir la gentille et les méchants". "On ne peut pas impunément porter des accusations et puis dire : 'ah ben bon finalement c'était pas ça'", a lancé sur Canal+ la tête de liste d'Europe Ecologie en Ile-de-France.

Côté socialiste, le député PS Pierre Moscovici a estimé mercredi que l'UMP ne pouvait pas "se contenter de regretter", mais "s'excuser" après "la campagne de caniveau" menée par certains de ses élus du Val-d'Oise contre la tête de liste PS dans ce département Ali Soumaré. Son collègue Michel Sapin a fustigé de son côté une "méthode de malpropres" de la part des élus UMP.

La mise au point de la procureure
La supposée condamnation pour vol aggravé du 8 février 2007, à laquelle ont fait allusion "ne concerne pas Ali Soumaré, né en 1980, il a été rendu par le tribunal pour enfants", a indiqué mardi la procureure de Pontoise Marie-Thérèse de Givry. L'affaire concerne donc un homonyme. Elle a précisé qu'une ordonnance pénale évoquée par l'UMP pour conduite sans permis n'existait pas non plus.

Demeure donc, dans les dossiers évoqués par l'UMP, une condamnation à six mois de prison ferme pour un vol commis en 1999. Le candidat PS la reconnaît et parle "d'erreur de jeunesse". Il avait 18 ans à l'époque. Quant à l'autre problème qu'il reconnaît, une condamnation à deux mois de prison ferme en 2009 pour rébellion à agent de la force publique, prononcée en son absence, elle n'est pas définitive, a dit la procureure. Ali Soumaré conteste sa culpabilité. "M. Soumaré a fait appel et il est donc présumé innocent, c'est un principe de notre droit", a déclaré Marie-Thérèse de Givry. "J'ai payé ma dette", avait protesté Ali Soumaré dans le Parisien mardi, à propos de l'affaire de 1999.

Cinq affaires au total (infractions, condamnations ou procédures en cours) ont été imputées vendredi au jeune candidat d'origine malienne par les maires UMP de Franconville et Saint-Leu-La-Forêt (Val-d'Oise), Francis Delattre et Sébastien Meurant, qui l'ont qualifié de "délinquant multirécidiviste". Lundi, son avocat Jean-Pierre Mignard a indiqué qu'Ali Soumaré niait trois des cinq affaires, et qu'une plainte en diffamation visant les deux élus serait déposée dans la semaine.

L'avocat et les proches d'Ali Soumaré s'interrogent sur la provenance des documents produits par l'UMP, que seule la police ou la justice peut, en pratique, obtenir.

Cacophonie dans l'UMP
Eric Raoult, député UMP de Seine-Saint-Denis, a jugé mercredi matin que la polémique lancée par son camp autour de la candidature d'Ali Soumaré aux régionales était "une redoutable erreur", "une bêtise" de la part de l'UMP, critiquant vivement Valérie Pécresse, chef de file de ce parti pour les élections en Ile-de-France. La polémique autour d'Ali Soumaré, accusé par plusieurs élus UMP d'être un "délinquant multirécidiviste", "me donne l'impression d'une campagne amateur, qu'il n'y a pas de patronne, qu'on a déjà perdu", a fustigé Eric Raoult auprès de l'AFP. "Si on veut un réflexe anti-droite sur la couleur de peau, on ne fait pas mieux", a ajouté l'élu, qui avait été écarté de la direction de la liste UMP en Seine-Saint-Denis, finalement confiée à Bruno Beschizza, responsable d'un syndicat de police.

De son côté, Brice Hortefeux, ministre de l'Intérieur, a souhaité mercredi matin que la campagne pour les élections régionales "se déroule dans un climat apaisé".

En revanche, enfonçant le clou de certains de ses collègues franciliens, le Niçois Christian Estrosi, ministre de l'Industrie, a affirmé mercredi qu'il n'aurait "pas pris sur une liste UMP" un candidat comme Ali Soumaré, relevant à propos de la tête de liste du PS dans le Val-d'Oise qu'"il y a un faux" mais aussi "un vrai" casier judiciaire. "La loi française est ainsi faite que quel que soit le curriculum vitae du candidat socialiste, il a le droit de se présenter, il est éligible", a ajouté Christian Estrosi sur RTL.

Quant à Axel Poniatowski, tête de liste UMP dans le Val-d'Oise pour les régionales, il a estimé que même si une des condamnations attribuées à Ali Soumaré était "erronée", il n'en reste pas moins que le candidat PS a "quand même un bagage assez lourd" sur le plan judiciaire.

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