L'UMP vit son congrès de Reims
"Le grand barnum aura tenu toutes ses promesses :
coups bas, combinaison, expression de haine et fausses effusion. Et au bout du
compte, confusion maximum ". La phrase aurait pu sortir de la bouche de
n'importe quel baron socialiste lundi matin, alors que la commission électorale
interne de l'UMP reprenait ses travaux après une nuit sous haute tension au
siège du parti pour départager les deux candidats à la présidence de l'UMP. Pourtant, elle est l'oeuvre de Dominique Paillé. Alors porte-parole de l'UMP, il n'évoque évidemment pas l'impasse dans lequel se trouve
aujourd'hui son parti, mais elle a été tenu il y a quatre ans lors du fiasco du congrès PS de Reims des
20 et 21 novembre 2008. Et pourtant, il semble que l'UMP vive l'exact même
cauchemar...
"Je ne laisserai pas voler la victoire aux militants"
Revenons donc en 2008, quand
le Parti socialiste convoque aux urnes ses militants pour élire qui d'entre les
prétendants (-nombreux-), sera son secrétaire général. Au premier tour, Benoît
Hamon est éliminé. Le lendemain, Martine Aubry revendique la victoire. Mais le
scrutin est serré. Très serré. Si serré que Ségolène Royal, bien décidée, comme
François Fillon dimanche soir, à ne pas laisser "voler la victoire aux militants ", ce que réaffirmera ensuite Manuels Valls devant les militants déçus,
pointe du doigt des irrégularités qui auraient été commises à la puissante fédération
du Nord, fief de Martine Aubry.
Avant lui, Jean-François Copé annonçait devant la presse sa victoire : zizanie, la guerre des chefs commençait.
Fraudes
A l'UMP, dimanche, les fillonistes dénoncent un putsch des copéistes, qui fustigent, eux, le "manque
de fair-play " de leurs adversaires.
A l'appui des vindictes, des fraudes à Nice, Cannes, Paris, où des décalages
entre les bulletins comptabilisés et les émargements jettent le trouble. Fraudes au PS, fraudes à l'UMP : des
échos identiques se croisaient dimanche, venus tantôt du camp Copé, tantôt du
camp Fillon. Quand il s'agit d'élire un chef, de Reims à Vaugirard, où siège l'UMP,
il n'y a décidemment qu'un pas.
Des majorités trop courtes
Le 22 novembre, après
une nuit de victoires revendiquées puis contre-revendiquées par l'une et l'autre
des candidates, la direction du PS proclame Martine Aubry vainqueur. Avec 42
voix d'avance. C'est à dire avec une majorité presque théorique qui ne peut
souffrir le soupçon d'un éventuel bourrage des urnes : Ségolène Royal
demande l'annulation du vote. La commission de recollement recompte, vérifie chaque
procès-verbal. Deux jours plus tard, elle conclut à la victoire de Martine
Aubry, avec 102 voix d'avance : dimanche soir, François Fillon
revendiquait la sienne avec 224 voix... en assurant qu'il ne "lâcherait rien ".
"Est-ce que
ce ne sera pas le congrès de la disparition ? ", présageait alors, songeuse, Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur de l'époque. Puisqu'il
s'est avéré que non, Valérie Pécresse, pro-Fillon, tempère le retour de ce
mauvais présage, que tous redoutent à l'UMP : "Le PS a recollé
les morceaux au lendemain du congrès de Reims. Martine Aubry et Ségolène Royal
ont fini à 50-50, ça n'a pas empêché François Hollande de l'emporter ".
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