L'UMP concentre ses attaques sur Christiane Taubira
Au sein du gouvernement Ayrault, la droite a déjà sa cible privilégiée : la garde des Sceaux Christiane Taubira, accusée de "laxisme", d'"angélisme", voire - à tort - d'outrage au drapeau français.
Parmi les 34 ministres du gouvernement Ayrault, l'UMP a choisi de concentrer ses attaques sur la ministre de la justice Christiane Taubira.
A peine était-elle nommée le 16 mai, qu'un député de l'aile droite du parti, Jean-Paul Garraud, déclarait que "la composition" du gouvernement lui donnait "mal à la France", en pointant l'élue guyanaise.
Se défendant de toute "attaque par rapport à la couleur de peau", ce membre de la Droite populaire avait dénoncé la position de la Garde des sceaux sur "l'esclavagisme", l'accusant de "faire à chaque fois le procès de la France".
Petit récapitulatif des attaques successives contre l'ex-députée de Guyane qui a donné son nom à la loi de 2001 reconnaissant l'esclavage comme crimes contre l'humanité.
Copé : "Quand on vote Front national, on a Taubira"
Mardi 22 mai, le numéro un de l'UMP, Jean-François Copé, a fait d'elle le symbole d'une gauche supposée laxiste.
"Je dis aux Français qui veulent ou ont envie de voter Front national, qu'en votant Front national, on a la gauche qui passe, quand on vote Front national, on a Taubira et l'annulation des tribunaux correctionnels pour mineurs qui ont commis des actes passibles de plus de trois ans de prison", a déclaré le secrétaire général de l'UMP dans un étrange raccourci.
Jacob : "On est dans l'angélisme"
Mardi encore, Christian Jacob s'en est également pris à la volonté de Christiane Taubira de supprimer les tribunaux correctionnels pour mineurs.
"On est dans l'angélisme ... On parle quand même là de mineurs de plus de 16 ans qui sont récidivistes et passibles d'au moins trois ans de prison. On n'est pas avec des gentils chérubins qui font un chahut à la sortie de l'école".
Instaurés par la loi du 10 août 2011, ces tribunaux pour mineurs, composés de trois juges professionnels, fonctionnent depuis janvier 2012. Le candidat François Hollande avait annoncé durant sa campagne qu'il les supprimerait.
Pique contre l'élue guyanaise qui renonce à la députation
Christian Jacob a également reproché à Christiane Taubira de ne pas se représenter en Guyane, où elle est députée sortante .
"Ces ministres qui préfèrent les ors de la République plutôt que d'être confrontés au suffrage universel, c'est à ma connaissance du jamais vu et c'est aussi révélateur de la classe politique actuellement au gouvernement!", a-t-il lancé.
Mise en cause pour l'évasion d'un détenu
La Garde des sceaux a également été mise en cause parce qu'un détenu de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne) a profité d'une permission de sortie pour s'évader. Cette permission avait été accordée pour un tournoi de basket à Paris auquel elle avait assisté vendredi.
Dans un communiqué publié mardi, un élu UMP du Rhône, Philippe Meunier écrivait : "Première sortie de Mme Taubira : première évasion réussie". "François Hollande à peine élu, les délinquants profitent de l'angélisme et du laxisme de la gauche lors de la première visite" de la nouvelle garde des Sceaux, "consacrée aux prisonniers".
Reprise de rumeur sur Internet
Si les attaques contre l'"angélisme" de la gauche sont classiques, des élus UMP ont aussi relayé de fausses rumeurs propagées sur Internet. Celles-ci accusaient à tort la ministre d'avoir affirmé que le fait de brûler un drapeau français n'était pas un acte répréhensible.
Le député UMP des Alpes-Maritimes, Lionnel Luca, a ainsi demandé dans un communiqué à Christiane Taubira de "s'expliquer" sur "des propos" qu'elle "aurait tenus sur RFI".
"S'il s'avérait exact qu'elle ait dit 'qu'il n'y aurait pas de poursuite envers ceux qui ont brûlé des drapeaux français' le soir de la victoire du candidat socialiste sous prétexte qu'il 's'agissait de signes de liesse', ce serait inqualifiable de la part d'un ministre de la République", a estimé ce chef de file de la Droite populaire.
La veille, un autre député des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, secrétaire national de l'UMP en charge de la sécurité, avait déjà accusé Mme Taubira d'avoir "déclaré que brûler un drapeau français n'était pas un acte répréhensible".
Selon Le Lab, qui souligne que Mme Taubira n'a jamais tenu de tels propos et qu'aucun drapeau n'a été brûlé le 6 mai dernier, les rumeurs s'appuyaient sur une photo de drapeau brûlé à Toulouse... en 2007.
Delphine Batho monte au créneau pour défendre Taubira
Si Mme Taubira a pour l'heure ignoré les critiques, sa ministre déléguée, Delphine Batho, est montée au créneau.
"Quand je vois l'état dans lequel la droite a laissé l'institution judiciaire, avec des milliers de peines non exécutées, avec une hausse de plus de 50% en cinq ans des violences physiques non crapuleuses commises par des mineurs, ils devraient faire preuve de plus de modestie et d'humilité", a-t-elle déclaré à l'AFP.
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