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L'endettement des grandes villes françaises augmente depuis 2021 sans distinction de couleur politique

Grenoble, Paris ou encore Nice font partie des mauvais élèves, selon une étude publiée ce mardi par l'Institut Montaigne, que France Inter a pu consulter.
Article rédigé par franceinfo
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La Ville de Nice est la plus endettée selon l'Institut Montaigne. (JAKUB PORZYCKI / NURPHOTO)

L’endettement des grandes villes françaises a tendance à augmenter depuis 2021. C'est ce que révèle une étude de l'Institut Montaigne sur le bilan à mi-mandat des équipes municipales élues en 2020, publiée ce mardi et que France Inter a pu consulter en exclusivité.

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Le think tank, plutôt classé comme libéral, a étudié les finances et les investissements de 12 grandes villes françaises : Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes, Nice, Paris, Rennes, Strasbourg et Toulouse. Selon lui, cet endettement constitue une menace potentielle pour de futurs investissements nécessaires en faveur de la transition écologique.

Pas de "bons élèves" à droite ou de "mauvais élèves" à droite

La conclusion de l’Institut Montaigne est sans appel : il n'y a pas d'un côté les bons élèves économes de droite, et de l'autre les mauvais élèves dépensiers de gauche. "Les mairies vertes, socialistes ou de droite sont tout aussi exposées au risque de mauvaise gestion financière", écrit l'institut.

Le principal critère de mesure retenu pour cette étude est la capacité de désendettement des villes, calculée en fonction de la durée estimée pour rembourser leur dette si elles y consacraient l’ensemble de l'épargne brute dont elles disposent.

Toulouse, Montpellier et Lyon sur le podium

C'est Toulouse qui est la ville la plus vertueuse, selon ce critère. La municipalité LR dirigée par Jean-Luc Moudenc affiche une durée de désendettement de 3 ans en 2021. Cette durée augmente toutefois à quatre ans et demi sur la base de son budget prévisionnel 2023.

Montpellier s'adjuge la deuxième marche du podium. La ville du socialiste Michaël Delafosse peut se prévaloir d'une durée de 3,7 ans en 2021, mais qui grimpe à 7 ans et demi en 2023. Lyon, dirigée par l'EELV Grégory Doucet complète le trio de tête. La durée estimée en 2021 est de 4,1 ans. Sur la base de son budget prévisionnel 2023, cette durée passe à 4,5 ans.

Jusqu'à 53 ans de durée de désendettement

Aux trois dernières places du classement, on trouve Grenoble à la 10e place. La municipalité EELV d'Eric Piolle affiche une durée de désendettement de 8,3 ans en 2021. Cette durée baisse à 6 ans et demi en 2023. Paris occupe la 11e et avant-dernière place avec une durée de 24 ans en 2021. Sur la base de son budget prévisionnel 2023, cette durée chute à neuf ans.

La 12e et dernière place est occupée par Nice. La ville de Christian Estrosi (Horizons) accuse une durée de 52,9 ans pour 2021, bien au-delà du seuil de vigilance fixé à 10 ans et du seuil d’alerte fixé à 12 ans par la loi de programmation des finances publiques pour 2018-2022. Cette durée tombe à 19 ans en 2023 pour la ville azuréenne.

Une "dégradation" des finances cette année

"Il est inquiétant de constater que les budgets prévisionnels de 2023 envisagent une dégradation notable pour la plupart des villes étudiées", juge l’Institut Montaigne dans son étude. C’est le cas par exemple de Lille, municipalité PS dirigée par Martine Aubry, avec une durée estimée à 11 ans, de Strasbourg, municipalité EELV dirigée par Jeanne Barseghian avec une durée estimée à 12 ans ou de Rennes, municipalité PS dirigée par Nathalie Appéré avec une durée estimée à 13,6 ans.

"On voit une vulnérabilité sans doute accrue pour de nombreuses métropoles face au contexte qu’on connaît avec l’accroissement des taux d’intérêt et surtout face à une nécessité d’investir de plus en plus massivement dans les années à venir pour répondre aux enjeux notamment de transition environnementale", selon Lisa Thomas Darbois, responsable du Pôle Économie et Action de l’Etat au sein de l’Institut Montaigne et l'une des auteures de l'étude.

Lille investit à 50% dans des projets de transition écologique

Cette étude s’intéresse également précisément aux investissements verts des municipalités, comme la rénovation thermique des bâtiments municipaux, la plantation d'arbres ou encore la part de produits bio dans les menus des cantines scolaires, mais en excluant la question des transports, qui relève surtout des autorités organisatrices que sont les métropoles et les régions.

Nice et Nantes apparaissent comme les seules villes à s’être dotées d’un véritable budget vert, c'est-à-dire d’une classification des dépenses budgétaires et fiscales selon leur incidence sur l'environnement, explique l’Institut Montaigne. Mais c’est Lille qui se classe de très loin en tête, avec 50 % de ses dépenses d’investissement dirigées vers la transition écologique, devançant nettement deux villes dirigées par les écologistes, Grenoble et Bordeaux, avec respectivement 20 % et 18 %.

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A contrario, Paris n’arrive qu’à la 11e place avec une part estimée à 6%. Montpellier est à la 12e et dernière place avec 4%. "Sur le volet environnemental, les résultats de nos analyses révèlent des moyens accrus en faveur de la transition écologique généralisés à l'ensemble des municipalités sous l’impulsion des “verts” aux bilans relativement plus favorables", note l'étude.

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