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L'appel à l'espérance de Stéphane Hessel et Edgar Morin

Dans leur manifeste, "Le chemin de l'espérance", les deux "frère(s) de lutte" préconisent l'insurrection des consciences et l'exigence citoyenne, socles selon eux d'une "politique du bien-vivre".
Article rédigé par Benoît Zagdoun
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Stéphane Hessel, chez lui à Paris, le 8 février 2011. (JOEL SAGET / AFP)

Dans leur manifeste, "Le chemin de l'espérance", les deux "frère(s) de lutte" préconisent l'insurrection des consciences et l'exigence citoyenne, socles selon eux d'une "politique du bien-vivre".

Ils ont près de 184 ans à eux deux. Animés d'une ardeur juvénile, Stéphane Hessel et Edgar Morin marient leurs réflexions. Le propos de leur petit ouvrage de 60 pages est de "dénoncer le cours pervers d'une politique aveugle qui conduit au désastre, d'énoncer une voie politique de salut public et d'annoncer une nouvelle espérance", soulignent les deux icônes de la Résistance et amis de longue date.

"Nous ne proposons pas de pacte aux partis existants", insistent-ils. "Nous souhaitons contribuer à la formation d'un puissant mouvement citoyen, d'une insurrection des consciences qui puisse engendrer une politique à la hauteur de ces exigences".

Il y a près d'un an, l'ancien diplomate et corédacteur de la Déclaration universelle des droits de l'homme, 94 ans en octobre, publiait "Indignez-vous!" (Indigène), vendu depuis à près de deux millions d'exemplaires en France, traduit en Europe, en Chine, aux Etats-Unis, et devenu le cri de ralliement de la jeunesse, en Espagne ou ailleurs.

Egalement auteur de "Engagez-vous!" (L'Aube), Stéphane Hessel a toujours reconnu "un frère de lutte" en Edgar Morin, qui a publié en 2011 "La Voie" (Fayard), vendu à 70.000 exemplaires. Le philosophe et sociologue de 90 ans y exposait comment "changer le changement", en cessant de ressasser des solutions éculées ou partisanes.

Cette fois, c'est d'une seule voix que les deux nonagénaires prônent "une politique du vouloir-vivre et revivre, qui nous arrache à une apathie et à une résignation mortelles". "Le vouloir-vivre nourrit le bien-vivre. L'un et l'autre, ensemble, ouvrent le chemin de l'espérance", lancent-ils avec enthousiasme.

Pour y parvenir, ils proposent par exemple la création d'un Service civique de la fraternité et de Maisons de la fraternité. Les auteurs assurent ne pas vouloir fonder un nouveau parti, ni en rallier un ancien, mais souhaiter "une politique régénératrice qui réformerait en profondeur à la fois notre société et nos modes de vie".

Ce manifeste intervient quelques mois après une petite polémique éditoriale. Indigène avait reproché fin février à Fayard de minorer l'importance de "Indignez-vous!" pour mieux vanter dans une campagne publicitaire les mérites du livre d'Edgar Morin avec le slogan: "Hessel provoque un déclic, Morin indique la Voie".

Main dans la main, les deux auteurs provoqueront-ils un sursaut ? Ségolène Royal, candidate à la primaire socialiste, vient de publier une "Lettre à tous les résignés et indignés qui veulent des solutions". Début 2008, c'est Nicolas Sarkozy qui faisait référence à la "politique de civilisation", forgée à la fin des années 1990 par Edgar Morin...

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