L'animateur de télévision a annoncé mercredi à Sevran sa décision de se lancer dans la course à l'Elysée de 2012
Nicolas Hulot a affirmé qu'il défendait un projet "incompatible en l'état" avec la politique du pouvoir en place. Il a évoqué une candidature "à l'opposé des choix de la majorité actuelle".
Il entend se présenter pour "ouvrir la voie d'une société nouvelle, écologique et sociale". Ces deux enjeux étant, selon lui, "indissociables".
"Ma candidature s'inscrit dans le souci de l'intérêt général, elle se situe à l'opposé des choix, des méthodes et de la vision de la majorité actuelle", a-t-il dit, s'exprimant depuis la salle des fêtes de Sevran (Seine-Saint-Denis). "Pour autant, cette clarification ne vaut en aucun cas blanc-seing à ceux qui, à gauche ou au centre, se proposent de diriger le pays. Dans mon esprit, il n'y aura aucun soutien automatique à qui que ce soit", a encore dit Nicolas Hulot, qui aura 56 ans le 30 avril.
"Je souhaite favoriser l'émergence d'une nouvelle majorité politique, seul je ne pourrai rien", a-t-il martelé. "L'effort et la créativité de chacun seront indispensables (...) le génie humain doit être mobilisé d'où qu'il vienne". Appelant à une redistribution des richesses, il s'en est pris au "monde opaque de la finance", au "capitalisme sauvage". "Un nouvel état d'esprit est nécessaire pour qu'il y ait de nouvelles solidarités, notamment avec le sud", a-t-il dit également.
Premier obstacle
Son premier obstacle sera d'affronter la primaire écologiste face à Eva Joly. On ignore s'il passera sous les fourches caudines de cette primaire d'Europe-Ecologie-Les Verts (EELV). Une organisation dont il n'est pas adhérent.
Aussi, n'a-t-il jamais évoqué dans son discours d'une demi-heure à Sevran les primaires du parti, prévues fin juin-début juillet
Nicolas Hulot jouit dans l'opinion, aux dires des enquêtes, d'une grande popularité, fondée sur son émission sur la chaîne privée TF1, "Ushaïa". Selon les sondages, il est le candidat préféré de 60% des personnes interrogées pour représenter le courant écologiste.
Quel programme ?
En se déclarant à Sevran, il entend surtout "être près des gens qui souffrent, tourner l'écologie et sa candidature vers les gens qui ont un quotidien de plus en plus difficile", commente l'un de ses proches, Jean-Paul Besset. Il veut "réconcilier l'écologique et le social", ajoute ce proche. "Cela va se décliner dans les principaux secteurs économiques et sociaux mais aussi environnementaux, culturels, par des mesures transitoires qui mettent en oeuvre une transformation écologique et sociale de notre société", explique-t-il.
Quel positionnement ?
Quoiqu'il en soit, la candidature de l'animateur de télévision suscite d'ores et déjà de nombreux commentaires.
Commentaires dans les milieux politiques d'abord, qui s'interrogent sur son positionnement. Ainsi, le patron du groupe PS à l'Assemblée, Jean-Marc Ayrault, l'a invité à "clarifier sa position". "Que va proposer Nicolas Hulot aux Français ? (...) Je ne sais pas ce (qu'il) est capable de proposer au-delà du discours écologiste", a-t-il ajouté. Pour son collègue socialiste François Lamy, Nicolas Hulot sera "dans le camp de la gauche". "Je le sais, parce qu'il nous l'a dit", ajoute-t-il.
Ce que confirme l'un des soutiens verts de l'animateur, le député Yves Cochet: "Je suis convaincu qu'il n'aura aucune complaisance vis-à-vis de la droite, ni de Sarkozy, ni de Borloo", dit-il. De son côté, l'eurodéputé José Bové, lui aussi élu EELV, qui n'a "toujours pas pris position" entre Hulot et Joly, est "sûr" que l'animateur de TF1 va "s'exprimer d'une manière très claire" par rapport "à la crise sociale, par rapport à ce que vivent les gens au quotidien".
Pour le député UMP Bernard Debré, "il a de très, très belles émissions, ses produits dérivés sont très bons, tels que le shampooing ou le savon, mais je ne vois pas où sa candidature pourrait conduire". "Il a une sensibilité que j'appellerais bourgeois-bohême, et dans les bobos, il y en a aussi bien à droite qu'à gauche. Vous savez, entre la gauche caviar et la droite saumon, c'est toujours le même ragoût", estime un autre député UMP, Lionnel Luca. Pour sa collègue Valérie Rosso-Debord, "la légitimité de sa candidature ne se pose pas, il a un projet". "Il considère que l'écologie (...) n'est ni de droite ni de gauche, ce qui le différencie d'Eva Joly", poursuit-elle.
La presse française évoque une "aventure incertaine"
Commentaires dans les médias également. "Le choix de Sevran est fait pour offrir l'image d'un Nicolas Hulot proche des Français les plus défavorisés, descendu de son hélicoptère et revenu de ses expéditions lointaines à fort bilan carbone", estime Hervé Favre, dans La Voix du Nord. Si sa popularité "chez les Français est incontestable, sa cote d 'amour chez les militants verts reste à prouver", ajoute l'éditorialiste.
"Trois fois plus populaire que Nicolas Sarkozy, l'initiateur du Pacte écologique, signé par tous les candidats en 2007, a de vrais atouts : son discours, son panache, sa capacité d'écoute et la façon, très pédagogique, qu'il a de faire passer ses messages. Mais il a aussi quelques défauts. Un engagement ambigu : est-il de droite ou de gauche ? Un manque d'épaisseur. Des convictions à éclipses : Fukushima l'a fait changer d'avis sur le nucléaire. L'adepte du kitesurf, cet engin qui marie l'eau et le ciel, pourrait vite retomber sur terre. Mais c'est l'essence même de l'aventure que d'être incertaine. Hulot le sait mieux que quiconque", observe de son côté Michel Vagner dans L'Est Républicain.
Et Michel Urvoy d'expliquer dans Ouest-France: "En passant de témoin médiatique à acteur politique, le créateur d'Ushuaïa va vite découvrir qu'une cote d'amour ne se traduit pas mécaniquement en intentions de vote. Pour Nicolas Hulot, peu habitué à ce qu'on le critique et peu rompu à la dureté d'une campagne, les déboires pourraient commencer aujourd'hui, avec l'annonce de sa candidature".
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