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L'ancien chancelier allemand Helmut Schmidt est mort

L'ancien chancelier allemand Helmut Schmidt est mort mardi à 96 ans. Pour le président François Hollande, "c'est un grand Européen qui vient de s'éteindre".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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  (Helmut Schmidt ©MaxPPP)

L'ancien chancelier allemand Helmut Schmidt, dont l'état de santé s'était nettement dégradé ce week-end, est mort mardi en début d'après-midi à 96 ans, a annoncé son médecin. L'ex dirigeant social-démocrate, qui a été chancelier de 1974 à 1982, s'est éteint chez lui à Hambourg dans le nord de l'Allemagne, a précisé le docteur Heiner Greten. 

Il était devenu, en 1974, le deuxième chancelier SPD de l'Allemagne fédérale. Réélu en 1976 et en 1980, Helmut Schmidt avait dynamisé le couple franco-allemand, conçu comme un "moteur" de l'Europe et de son intégration. Sa coalition gouvernementale tomba en 1982, après le ralliement de ses partenaires libéraux (FDP) à la CDU d'Helmut Kohl, qui devait lui succéder à la chancellerie.

François Hollande salue "un grand Européen"

François Hollande a immédiatement salué l'ancien dirigeant allemand : "C'est un grand Européen qui vient de s'éteindre " a-t-il déclaré.

Pour Jean-Marc Ayrault, ancien Premier ministre et germanophile, "c’était une grande personnalité qui s’imposait. Helmut Schmidt peu à peu est devenu une très grande figure de la politique allemande et européenne ". Présent ce lundi à l'Assemblée nationale, il a décrit sur France Info la réaction des députés à l'annonce de la mort de l'ancien chancelier : "Spontanément tous se sont levés pour exprimer leur émotion et leur attachement à ce grand européen. Il s’intéressait à l’essentiel ".

L'actuel Premier ministre Manuel Valls, devant les députés, a rendu hommage à celui qui "contribuait aux liens entre la France et l'Allemagne et qui éclairait toujours, par son verbe et sa personnalité, la réflexion sur le rôle et la place de l'Allemagne en Europe et sa relation privilégiée avec la France ".

François Hollande réagit à la mort d'Helmut Schmidt : "C'est un grand Européen qui vient de s'éteindre"

Une "institution pour Angela Merkel

Angel Merkel a également salué la mémoire d'Helmut Schmidt. "Il était une institution politique de la République fédérale allemande. Il était aussi un exemple pour moi, l'un de ceux dont le conseil et le jugement m'importent ", a souligné la chancelière conservatrice, quelques heures après la mort de l'ancien dirigeant. Elle a salué son "humilité personnelle ", son "autorité naturelle " ainsi que son "sens du devoir ".

Acteur du rapprochement franco-allemand

La santé fragile de ce grand fumeur ne l'avait pas empêché de rester actif bien au-delà de l'exercice du pouvoir. Né le 23 décembre 1918 dans le port hanséatique d'Hambourg, Helmut Schmidt veut d'abord être architecte. Mais, à son retour de la guerre, choqué par la vision d'un pays détruit et affamé, il décide d'embrasser une carrière politique. Il étudie les sciences politiques et l'économie et prend sa carte au SPD. En 1953, il est élu au Bundestag à Bonn et deviendra président du groupe parlementaire social-démocrate en 1966, date à laquelle les sociaux-démocrates entrent au gouvernement pour la première fois depuis la guerre en formant une coalition avec l'Union chrétienne-démocrate. 

Il est à l'origine, en 1978, de la création du Système monétaire européen, dont il partage la paternité avec le président français d'alors, Valéry Giscard d'Estaing, et qui aboutit l'année suivante à la création de l'unité de compte européenne (Ecu) - qui permet à plusieurs pays membres de limiter les fluctuations de leur monnaie. L'entente et l'amitié qu'entretiennent les deux hommes donnent un nouveau souffle au rapprochement franco-allemand, dans lequel le chancelier voit une plate-forme renforçant les relations intérieures et extérieures de la communauté. En Allemagne, sa popularité est à son apogée en 1980, année où il bat le ministre-président conservateur du Land de Bavière, Franz Josef Strauss, après une campagne entachée d'attaques personnelles. L'image de Schmidt se dégrade à partir de 1981, sous l'effet des difficultés économiques du pays et des tensions croissantes entre les deux Allemagnes. Cette évolution entraîne la formation d'un courant de gauche au sein du SPD, lequel remet en cause la suprématie de Schmidt chez les sociaux-démocrates. Devenu plus tard la "conscience" d'un SPD revenu aux affaires avec Gerhard Schröder, Schmidt avait aussi été directeur éditorial et chroniqueur de l'hebdomadaire Die Zeit.

Devenu coéditeur de l'hebdomadaire Die Zeit depuis 1983, il participe, au moyen de nombreux articles et publications, aux débats de fond sur la politique allemande et européenne. Il se fait l'avocat de la mise en route de l'euro, critiquant l'application rigide des critères de Maastricht, que réclament plusieurs économistes allemands. Pianiste brillant, Helmut Schmidt a enregistré Bach et Mozart sous la direction de Christoph Eschanbach. 

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