Jour J : qui connaîtra les résultats de la présidentielle avant 20 heures ?
Entre sondages publiés sur les sites francophones belges et suisses et propagation virale sur Twitter et Facebook, qui ignorera encore le résultat des élections (ou du moins des sondages) les dimanches 22 avril et 6 mai à 20 heures ?
Le JDD a lancé la polémique dimanche 7 avril. "Twitter fera-t-il bugger l'élection" en diffusant avant 20h les résultats des estimations, le 22 avril prochain?
Or, comme le stipule la loi du 19 février 2002, les sondages d'opinion en rapport direct ou indirect avec l'élection présidentielle ne peuvent plus être publiés, diffusés ou commentés "la veille et le jour de chaque tour de scrutin" avant 20 heures, y compris par voie électronique, sous peine d'une sanction maximale de 75.000 euros.
Seul problème pour les médias suisse et belge : le choc des connexions françaises avant 20h
Comme en 2002 ou 2007, les journaux suisses - La Tribune de Genève, Le Temps - ou belges - Le Soir, La libre Belgique, donneront vers 18 heures (ou plus tôt ...) les premières estimations, provoquant un afflux de connexions de France.
"Nous diffusons les chiffres qui sont disponibles en France et que la loi française interdit de diffuser", nous a précisé Grégoire Nappey, rédacteur en chef de Newsnet (qui regroupe La Tribune de Genève, 24 heures et Le Matin).
Principal problème que Newsnet s'apprête à affronter: supporter pendant une heure trente (de 18h30 à 20h) le choc de centaines de milliers de connexions venues en même temps de France voisine. Un assaut inhabituel pour ce média de Suisse romande qui s'adresse habituellement à un bassin de 1,8 million d'habitants.
Les réseaux sociaux, accélérateurs d"info
Les réseaux sociaux accéléreront la propagation de l'information. Faut-il considérer la diffusion d'une nouvelle via Facebook (25 millions d'utilisateurs en France fin 2011) ou Twitter (5,2 millions d'inscrits en France, mais beaucoup moins d'utilisateurs actifs) comme une diffusion privée (à des "amis" ou des "abonnés") ou publique ?
La commission des sondages ne s'encombre pas d'arguties : "Envoyer un tweet ou publier un message sur son profil Facebook tombe sous le coup de la loi, a rappelé au JDD Mattias Guyomar, secrétaire général de la commission des sondages, cela n'a rien à voir avec un SMS."
Quant à savoir si un utilisateur a le droit de diffuser ses infos via un compte twitter ou Facebook verrouillés (et si un journaliste a le droit de faire son malin en tweetant des photos de QG en liesse à partir de 18h...), la question sera, s'il y a litige, du ressort du juge pénal, nous a-t-il précisé.
L'enjeu ? En cas de résultat serré, le plus mal placé des candidats peut déposer un recours et demander l'annulation de l'élection au Conseil Constitutionnel s'il a constaté des incitations massives de dernière minute à voter pour tel ou tel candidat sur le Net et des afflux suspects dans les bureaux de vote avant la fermeture.
Le Net sous surveillance
Si les journalistes (premiers à disposer des sondages sortie des urnes avec les états-majors politiques et les sondeurs) sont dans l'oeil du cyclone, la Commission nationale de contrôle de la campagne va mettre en place un dispositif général de surveillance du Net et des réseaux sociaux.
Dispositif qui n'empêchera pas des centaines de milliers d'internautes, d'adeptes de twitter ou d'accros de Facebook de faire circuler infos ou intox avant l'heure.
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