L'île danoise de Samsø, l'exemple d'une transition écologique réussie
Le gouvernement de Jean Castex présente jeudi 3 septembre son plan de relance économique de 100 milliards d'euros, dont 30 alloués à la transition écologique. Au Danemark, l'île de Samsø a réussi la sienne, en seulement dix ans.
C’est une petite île de 3 700 habitants, devenue le symbole d'un pays en pointe en matière de transition écologique. Avant même d'y poser le pied et d'apprécier ses nombreux champs et sa jolie plage, on perçoit très vite à  Samsø ce tropisme pour les énergies vertes. Et pour cause, le ferry qui emmène sur l'île danoise fonctionne au gaz naturel. "Si on compare avec le diesel classique, on rejette 20 à 25% de CO2 en moins, explique Christen Kruse, directeur de Samsø Ferry. Mais on en rejette toujours. Donc la prochaine étape, c’est de voir comment on peut encore s’améliorer."
Une île autosuffisante en énergie renouvelable
C'est ce goût permanent du défi qui avait poussé Samsø à relever en 1997 ce pari un peu fou : devenir, en dix ans seulement, autosuffisante en électricité à 100% renouvelable. Les éoliennes, 10 en mer et 11 à terre, s’intègrent plutôt bien dans le paysage et produisent toute l’électricité dont l’île a besoin. Elle se permet même le luxe d'en exporter. Parmi ces éoliennes, Jorgen Tranberg en possède une, qui "fournit de l'électricité à environ 500 familles".
L'agriculteur n'est pourtant pas spĂ©cialement motivĂ© par des convictions Ă©cologistes. Ce qui l'a poussĂ© Ă investir, c'est la rentabilitĂ©. "Au dĂ©but, ça rapportait 200 000 euros par an. Maintenant, c’est plutĂ´t 40 000 si on retire les frais, explique-t-il. Et puis je trouve ça très bien aussi qu’on n’ait pas besoin d’acheter trop de pĂ©trole au Moyen-Orient et Ă Â Poutine".Â
Comme lui, 10% des habitants de Samsø ont investi dans les éoliennes, et comme lui, beaucoup ont installé des panneaux solaires sur leurs toits. Le fermier pousse la logique de la rentabilité jusqu'au bout en revendant un peu de paille à  la chaufferie collective, juste de l’autre côté de la rue.
Dans ce bâtiment rouge duquel s'échappe une petite fumée blanche, "la paille est brûlée dans un four" détaille Jan Jensen, ingénieur sur l'île. "Ça chauffe de l'eau. Ensuite, cette eau part dans des tuyaux, sous terre, et va chauffer 300 maisons dans deux villages."
Avant 2003, les gens se chauffaient essentiellement avec des chaudières au fioul. Maintenant, on a cette chaufferie collective qui fonctionne avec de la paille.
Jan Jansen, ingénieurà franceinfo
Tout cela a favorisé la création d’emplois pour la construction de ces installations, leur maintenance, l’isolation des bâtiments. Le tourisme a aussi profité de l’image verdie de l’île et, en vingt ans, le taux de chômage a été divisé par deux.
Pour Soren Hermansen, de l’Académie de l’énergie de Samsø, la clé du succès est de montrer que chacun peut trouver un intérêt dans ce projet global. "Est-ce que je peux y trouver un travail ? Est-ce que je peux économiser de l’argent ? Est-ce que je peux faire un investissement ? Le tout est de rendre chacun plus pro-actif. Quelqu’un peut se dire : 'Je me fiche du but final, du 100% renouvelable, mais il y a des opportunités pour moi dans la transition énergétique'".
Objectif zéro énergie fossile en 2030
Et pourtant, ça ne fonctionne pas toujours. L’île danoise visait 50% de voitures électriques en 2020 mais n'atteint que les 7%, notamment à cause d'un changement de fiscalité. Stefan Wolffbrandt, président de l’association des véhicules électriques, veut encore y croire. "Moi ça fait huit ans que j’ai une voiture électrique. Avant, j’avais une cinquantaine de voitures anciennes, pour un musée, mais j’ai tout vendu, explique-t-il. J’ai sept enfants et je veux faire quelque chose de bien pour le futur. Donc, pour les voitures électriques, on va multiplier les bornes de recharges et on va tenter d’acheter des bus électriques."
Les transports restent le principal point à améliorer pour Samsø, qui a désormais comme objectif zéro énergie fossile en 2030. Un projet de champ photovoltaïque de la taille de 60 terrains de football est à l'étude, mais il suscite de sérieuses réticences.
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