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Visite d'Emmanuel Macron dans un hôpital de Pontoise : "Le président a apporté des masques ? Des lits ? Non", dénonce l'anesthésiste Arnaud Chiche

Selon le médecin anesthésiste-réanimateur à Hénin-Beaumont, le Ségur de la santé lancé en juillet n'est pas une réponse aux problèmes des soignants.

Article rédigé par franceinfo
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Un patient pris en charge aux urgences à Poissy (Yvelines), le 18 avril 2020.  (ANTOINE KREMER / HANS LUCAS / AFP)

"Le président a apporté des masques ? Des gants ? Des lits ? Des infirmiers. Des solutions aux réanimateurs qui manquent de lits ? Des solutions aux médecins urgentistes qui aujourd'hui en Île-de-France ne trouvent pas de lit ? Non. Il ne donne aucune solution", a déploré vendredi 23 octobre sur franceinfo Arnaud Chiche, médecin anesthésiste-réanimateur à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) et fondateur du collectif Santé en danger, alors que les cas de Covid-19 ne cessent d'augmenter et qu'Emmanuel Macron a rencontré le même jour les équipes du centre hospitalier René-Dubos de Pontoise (Val d'Oise) avant de s'exprimer. "Ces gens-là, ils peuvent faire des conférences de presse et tout ce qu'ils veulent, ils peuvent visiter des hôpitaux mais ils devraient arrêter de perdre du temps, ils devraient travailler pour appliquer la santé 2.0", a poursuivi Arnaud Chiche.

"Je suis déçu parce que, la semaine dernière, son allocution présentait un diagnostic de la santé en générale qui me semblait assez juste. Il avait bien compris que les hôpitaux et les soignants allaient mal et que ça allait être catastrophique. J'avais donc envie de penser qu'il nous préparait un plan Macron de la Santé, quelque chose de massif qui allait assommer tout le monde dans le bon sens du terme. Parce qu'en médecine, quand on pose bien le diagnostic, on prescrit ensuite le traitement adapté. Et ce soir, j'ai un peu le moral dans les chaussettes", a indiqué Arnaud Chiche.

La nécessité d'un "Ségur 2" pour répondre à la deuxième vague

"Le président parle du Ségur de juillet [annoncé le 17 mai 2020 par le ministre des Solidarités et de la Santé, le Ségur de la santé est une consultation des acteurs du système de soin français qui s'est déroulée du 25 mai au 10 juillet 2020] en réponse aux problèmes des soignants alors que ça fait trois mois que tout le monde lui dit que ce Ségur est une fumisterie. Le Ségur 1 au regard de la crise 1 on pouvait leur pardonner mais maintenant, il faut un Ségur 2 au regard de cette crise 2 et je leur conseille de faire un Ségur 2 parce que s'ils ne font rien, il va y avoir la crise 3, la crise 4 etc. Les soignants vont abandonner, il n'y en aura plus", s'est alarmé le médecin.

Concernant le couvre-feu, "dans les Hauts-de-France et en Île-de-France, la situation est catastrophique en ce qui concerne les régions qui sont déjà très mal. Pour ces régions, le couvre-feu a été instauré trop tard. Par contre, le couvre-feu instauré dans des régions où c'est plus calme, ça peut être difficile à comprendre pour la population de ces coins-là, je pense que c'est peut-être une chance qu'ils ont de ne pas vivre ce que nous on est en train de vivre dans les Hauts-de-France et en Île-de-France, c'est-à-dire des hôpitaux complètement saturés. Je pense que, dans ces deux régions, ainsi qu'en Auvergne-Rhône-Alpes et en PACA, je ne vois pas comment on va échapper à des confinements au moins régionalisés", a conclu Arnaud Chiche.

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