"Je me suis dit que ça pouvait continuer" : maire de père en fils depuis 75 ans, une dynastie municipale dans un village de Mayenne
Depuis 1945, la commune de Saint-Laurent-Des-Mortiers en Mayenne n'a connu que les Boivin en tant que maire.
À Saint-Laurent-Des-Mortiers en Mayenne, trois générations d’une même famille, les Boivin, se sont succédé à la tête du village depuis 1945. Une véritable dynastie municipale. Et pour deux mois encore, c’est Henri Boivin qui a les clés de la "petite mairie, juste une pièce". Le crucifix est toujours accroché dans la mairie, cela n’étonne pas l’édile : "Il était là quand je suis né."
Treize mandats sur trois générations
À cette époque, c’est son grand-père Auguste qui était maire. Il a été élu en 1945 et "ressemblait un peu à Jean Gabin". Son père aussi, prénommé Henri, a pris la suite en 1965. "Ils étaient investis dans le monde agricole. C’est peut-être pour ça qu’ils étaient reconnus sur la commune", avance Henri qui, de son côté, a été élu en 1995.
D’une génération à l’autre, ils se transmettent la ferme familiale et l’écharpe tricolore. Celle de 1945 est restée intacte, "ce sera un souvenir pour les enfants et les petits enfants", continue Henri. À eux trois, ils ont enchaîné treize mandats et connu onze présidents de la République.
Jacqueline est la doyenne du village. Elle aura 100 ans en mars prochain, et elle a pu voter, comme toutes les femmes, pour la première fois aux municipales de 1945 pour l’élection d’Auguste, le grand père. Elle a toujours voté Boivin : "Quand on avait besoin de quelque chose et qu’on allait les trouver, on obtenait ce dont on avait besoin."
Un village qui change
Ils ont accompagné la transformation de leur village passé de 320 à 190 âmes. "Le dernier commerce : c’est le café-restaurant au carrefour qui a fermé ses portes dans les années 2000", indique le maire de Saint-Laurent-Des-Mortiers.
Sous les mandats d’Auguste, c’est l’électrification des maisons et l’eau courante. "Formidable, s'exclame Jacqueline, avoir à ouvrir le robinet plutôt que d’aller la chercher au puits". Sous Henri le père, c’est le goudronnage des chemins de ferme et l’édification de la salle des fêtes. "J’ai vu que ça c’était bien passé avec le grand-père et mon père, Je me suis dit ça peut continuer", explique Henri le fils, qui a fait enfouir les lignes électriques installées sous son grand-père et construire le réseau d'assainissement.
On était bien servi, pourquoi changer ?
Jacqueline, doyenne du villageà franceinfo
Mais une même famille aux affaires pendant 75 ans, cela fait grincer quelques dents. "Les critiques venaient des gens jaloux de la famille Boivin mais ils sont toujours passés au premier tour à chaque élections", explique Jean-Pierre Flacassier, conseiller municipal.
Mais après trois quart de siècle, la dynastie s’arrête. Depuis la fusion de la commune l’an passé, Henri Boivin n’est plus que maire délégué. À 68 ans, il préfère ne pas se représenter. La tradition familiale se poursuivra ailleurs, un de ses fils est élu dans la localité voisine d’Azé.
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