Indemnisation des chômeurs : le gouvernement sort le bâton
La levée de boucliers ne s'est pas fait attendre. Il faut dire que le contenu du texte a en partie déjà été dévoilé par Nicolas Sarkozy lors de sa dernière intervention télévisée : “Au bout de trois mois, on serait obligé d'accepter un emploi qui représente 95% de son salaire, au bout de six mois, on serait obligé d'accepter un emploi à moins d'une heure de transport en commun de l'endroit”, avait précisé le chef de l'Etat.
Si le projet est adopté tel quel, les chômeurs auront donc six mois de sursis au delà desquels ils risquent des sanctions. A l'issue de ces six mois, ils ne pourraient plus rejeter plus de deux offres “raisonnables” d'emplois payées à hauteur de 80% du dernier salaire et situées dans un rayon d'une heure de leur domicile. Au bout d'un an, ils n'auraient plus le droit de refuser une proposition d'emploi dont le salaire sera supérieur au montant de l'indemnisation qu'il touche, soit le plus souvent 57,4% du salaire antérieur.
Les “contrevenants” s'exposent à voir leurs allocations se diminuer dans des proportions encore non définies, ou même se tarir complètement.
Reste à définir ce qu'est exactement une “offre raisonnable d'emploi”. Nicolas Sarkozy, toujours lors de son interview, a lancé une piste. Il s'agirait pour chaque chômeur d'“offres d'emploi correspondant à ses qualifications et ses aspirations”. Définition bien vague qui sera discutée - entre autres sujets - lors d'une réunion tripartite demain à Bercy entre la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, et les partenaires sociaux.
Mais déjà, syndicats et associations de chômeurs ont fait connaître leur opposition aux mesures préconisées. MNCP, AC!, APEIS et le comité chômeurs de la CGT les ont jugé “inacceptables”. “Contrôler et sanctionner lorsque l'emploi fait défaut, c'est inacceptable, c'est de la communication, c'est de la manipulation statistique, c'est opposer sciemment les chômeurs aux travailleurs, c'est rendre les chômeurs responsables de leur situation”, écrivent-ils.
Le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, s'insurge contre une règle unique qui s'applique à des situations diverses : “Qu'on définisse cette offre valable d'emploi en fonction de la personne. Une règle qui s'applique d'en haut pour tout le monde alors que la France est tellement diverse, c'est ridicule”. Il s'oppose également à la notion de temps de transport, jugeant cette obligation potentiellement destructrice pour les familles.
“Un CDD de six mois, ce serait une offre d'emploi valable ?”, se demande Jean-Claude Mailly, de FO. Comme d'autres, il regrette que le gouvernement mette les partenaires sociaux devant le fait accompli et négocie à leur place les conditions de l'assurance chômage. Ce à quoi le gouvernement répond que lorsqu'ils en avaient la possibilité, les partenaires sociaux n'ont pas négocié sur cette question. La réunion de demain après-midi risque donc de tourner à l'orage.
Grégoire Lecalot, avec agences
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