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Hollande–Aubry : 30 ans de mésentente cordiale

Ils sont tous deux issus de la même famille socialiste : les "deloristes". Ils ont tous deux été formés à l’ENA. Il n’empêche. Ces deux là ne s’aiment pas et cela fait 30 ans que ça dure. Portrait croisé des deux finalistes du second tour de la primaire socialiste.
Article rédigé par franceinfo
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Années 70 : ENA et entrée au PS

Martine Aubry et François Hollande n’ont que quatre ans d’écart, mais il y a un grand fossé entre eux. Elle est née en 1950 et est entrée à l’ENA en 1973 (promotion Léon Blum). Lui est né en 1954 et intègre l’ENA en 1978 (promotion Voltaire). Martine Aubry entre au Parti Socialiste en 1974 ; François Hollande en 1979.
_ Leurs caractères sont très différents. Lui est affable, courtois, aime les bons mots, recherche le consensus. Elle est plus raide, parfois rugueuse, directe dans ses rapports humains.

Années 80 : Premières expériences du pouvoir sous Mitterrand

François Hollande entre en 1981 dans le staff l’Elysée dans la foulée de l’élection de François Mitterrand. Il est chargé de mission et travaille sur la politique de relance économique. Il est ensuite directeur de cabinet de deux porte-parole du gouvernement Mauroy. Il est élu député de Corrèze en 1988.
_ Pendant ce temps, Martine Aubry occupe des postes aux ministères du Travail et des Affaires sociales. Elle participe à l’élaboration des lois Auroux qui régissent les relations dans le monde du travail. Elle gagne alors la réputation d’une femme compétente.

Début des années 90 : Delors

Martine Aubry est la fille de Jacques Delors, François Hollande en est le fils spirituel.
En 1993, battu aux élections législatives lors de la grande déroute du PS, François Hollande prend alors la présidence du club "Témoin" qui soutient les idées de Jacques Delors, l’homme qui apparaît un temps comme le recours de la gauche en pleine traversée du désert. En 1995, le refus de Jacques Delors de se présenter à l’élection présidentielle entrainera François Hollande dans les rangs de Lionel Jospin.
De son coté Martine Aubry commence les années 90 en étant nommée ministre du Travail, de l'Emploi et de la Formation professionnelle par Edith Cresson en 1991. Ensuite, elle crée la Fondation Agir Contre l’Exclusion et lance des partenariats avec le patronat. En 1995, Pierre Mauroy l’appelle pour qu’elle devienne son premier adjoint à la mairie de Lille et pour qu’elle prenne ensuite sa succession six ans plus tard.
_ Sur le plan politique, François Hollande et Martine Aubry ne sont pas très éloignés ; ils apparaissent comme "centre-gauche". Ils sont de la "gauche Delors" beaucoup plus que de la "gauche Mitterrand".

Fin des années 90-début 2000 : Jospin

En 1997, Martine Aubry devient numéro 2 du gouvernement Jospin. Elle est ministre de l'Emploi et de la Solidarité jusqu’en 2000 ; elle devient alors la "dame des 35 heures" pendant que François Hollande, lui, devient pour 11 ans le premier secrétaire du Parti Socialiste.

Fin des années 2000 : animosité croissante

L’inimitié entre François Hollande et Martine Aubry se serait aggravée en 2007 aux élections législatives, quand le leader du PS aurait empêché Martine Aubry de se présenter dans une circonscription lilloise. Un an plus tard, en 2008, à son arrivée à la tête du parti, Martine Aubry critique non-stop la gestion de l'ancien locataire, lui reprochant de ne pas avoir assez travaillé. A l’époque, elle fait repeindre le siège du PS rue de Solférino du sol au plafond. Tout un symbole.
_ En 2010, leur désaccord éclate lors de la Convention "Egalité réelle". Les proches du député de Corrèze critiquent la "hotte du Père Noël" pour décrire l'inventaire trop fourni des propositions PS portées par la première secrétaire. Martine Aubry fustige les "petites phrases" et les "postures" ruinant "le travail collectif".

2011 : le duel

En juillet dernier, alors qu'elle vient de se déclarer pour la course à la primaire, Martine Aubry passe un week-end à Avignon, où François Hollande se trouve aussi. Sans se rencontrer, ils se lancent des piques à distance sur la politique de la culture.
_ L’opposition entre les deux rivaux culmine ces derniers jours, alors qu’il sont tous deux qualifiés pour le second tour de la primaire. Martine Aubry attaque la mollesse supposée de son adversaire, son coté "flou" ou trop à droite. François Hollande, fidèle à sa réputation, esquive, prend de la hauteur, et affirme que, lui, "n’a pas besoin de dénigrer, de dévaluer, de dénoncer".

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