Hollande, Sarkozy, Bayrou à La Réunion : une valse à trois temps
Pendant une semaine, François Hollande, Nicolas Sarkozy et François Bayrou se sont succédé sur l'île de la Réunion. Les trois candidats sont partis des mêmes constats et proposent des solutions pas vraiment dissonantes.
Saint-Denis de La Réunion, envoyée spéciale de la1ere.fr - Une tournée des Outre-mers, c'est dépassé. Trop loin, trop cher, et trop fatiguant. François Hollande, François Bayrou et Nicolas Sarkozy se sont aventurés dans l'Océan Indien lors de leur campagne, ces quinze derniers jours, comme l'avaient fait fin mars Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen début février.
A moins d'un mois du premier tour, tous ont misé sur la Réunion. Huit-cent mille habitants, un faible décalage horaire… c'est donc depuis l'île Bourbon que les candidats se sont adressés, à la Réunion en particulier, aux Outre-mer en général.
Pour ces séjours express dans l'Océan Indien, la règle était de se faire accueillir à la fois par des élus locaux et des militants exaltés. Aucun n'y a dérogé, tout était soigneusement préparé. Au risque parfois de s'attirer des railleries dans les autres camps.
Ainsi François Hollande, qui devait être accueilli en grande pompe par le Parti communiste réunionnais, s'est retrouvé fort dépourvu à l'heure de ses meetings. Ni le sénateur Paul Vergès, ni la masse de militants pourtant annoncés en nombre ne se sont montrés. Un coup dur pour le socialiste qui avait certainement sous-estimé les dissensions de la gauche locale.
De quoi faire jaser dans les rangs de l'UMP qui, du coup, a joué sur l'unité aux cotés du président de Région Didier Robert et du sénateur Michel Fontaine.
Côté Modem, François Bayrou se devait de s'afficher auprès de Thierry Robert, maire de la commune de Saint-Leu et candidat dans une des toutes nouvelles circonscription de l'île. La présidente du Conseil Général Nassimah Dindar, passée en cinq ans de l'UMP au Modem, avec entre temps une alliance temporaire avec le PCR, était de la partie.
Défiscalisation et exonérations reviennent en boucle
C'est donc entouré de fins connaisseurs des réalités locales que tout ce petit monde s'est présenté face aux militants. Dix-mille pour Nicolas Sarkozy à Saint-Pierre, 4 000 pour Hollande à Saint-Denis, puis 7 000 à Saint Joseph; et enfin 900 pour François Bayrou dans le chef-lieu.
Face à la foule, les discours présentaient beaucoup de points communs. Le constat tout d'abord saute aux yeux: la vie est trop chère Outre-mer, le chômage notamment parmi les jeunes y atteint des sommets considérables. Jusqu'à 60% des jeunes actifs réunionnais sont concernés.
Chacun y est allé de ses propositions, tous souhaitant des exonérations de charges fiscales sous conditions dans les zones franches globales, et le maintien de la défiscalisation Outre-mer. Ce qui a valu à Nicolas Sarkozy une pique contre son adversaire socialiste, lui reprochant de "tenir un discours à Paris et un discours à la Réunion". Le candidat UMP a proposé une exonération de charges sociales pour toute embauche d'un jeune de moins de 25 ans.
Quelques jours plus tôt, François Hollande réexposait son ambition de création d'une banque publique d'investissements.
Une même crainte: l'abstention
Que ce soit sur l'autosuffisance alimentaire ou sur l'autonomie énergétique, les engagements ont fusés ces derniers jours. Sans doute Nicolas Sarkozy a été le plus généreux en promesses, dans sa volonté de surprendre et déstabiliser avec de nouvelles propositions.
Même si certaines de ses propositions, notamment concernant la défiscalisation, ne font que renforcer des mesures déjà prévues par la Loi d'orientation économique pour l'Outre-mer (LODEOM).
Les exonérations de Nicolas Sarkozy auraient, selon le candidat UMP un coût de 140 millions d'euros. De quoi relancer Bayrou sur son credo préféré.
Devant le public du théâtre de Champ Fleuri, le candidat Modem a accusé les candidats de creuser la dette en multipliant les mesures onéreuses. Malgré près d'une heure de discours ce dimanche soir, lui n'a pas avancé beaucoup de projets, hormis le retour à un ministère de l'Outre-mer de plein exercice et d'un "office du transport" chargé de veiller aux meilleurs coûts de voyage, à la fois pour les marchandises et les personnes.
Les militants en ont donc eu pour leur grade, en ce début avril, puisque chaque apparition d'un candidat était l'occasion d'effusions et de bains de foule. Serre photovoltaïque, exploitation agricole, rencontre avec des dignitaires religieux ou encore des responsables d'exploitation agricole, tous ont tout donné pour cette opération séduction.
Un sondage effectué avant le 31 mars, date de la venue de François Hollande donnait le candidat socialiste très largement en tête au second tour, avec 67% des intentions de vote. Ici plus encore qu'ailleurs, la crainte est celle de l'abstention. Le 6 mai 2007, ils étaient près de 28% à ne pas prendre le chemin des urnes.
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