Hollande garde les clés de la résidence de la Lanterne

Le président François Hollande devrait passer du temps à la Lanterne, résidence d'Etat, près du château
de Versailles. Loin du fort de Brégançon, le chef de l'Etat devrait opter pour des congés pas très éloignés des affaires.

La Lanterne, c'est cet ancien pavillon de chasse construit en 1787 et devenue la résidence d'été des Premiers
ministres depuis 1959. Une volonté du général de Gaulle qui tenait à renforcer
l'image de cette fonction.

Mais dès son arrivée à l'Elysée en
2007, "l'hyper-président"  Nicolas Sarkozy a faite sienne la Lanterne. Aujourd'hui François Hollande, qui s'y rend très régulièrement, particulièrement aux beaux jours, ne semble pas prêt à rendre les clés à Matignon. 

Interdite de survol

Car c'est une
demeure magnifique mais discrète, presque secrète, dans un écrin de verdure de
quatre hectares, avec piscine, tennis et une porte dérobée qui donne directement
sur le parc du château de Versailles et le grand canal. 

Les Jospin disent avoir passé des moments
délicieux derrière ces murs, à l'abri des paparazzis - car la résidence est
interdite de survol. Dominique de Villepin aussi, qui évoque la grande valeur de
sa cave, en amateur de vins qu'il est. Michel Rocard bénissait également cette
ancienne dépendance royale qu'il a faite rénover. En 2007, Jean-Pierre
Raffarin dit à François Fillon, prié de céder la Lanterne à Nicolas Sarkozy : "Tu as perdu là le meilleur du job
! "

"Quand Nicolas
Sarkozy a décidé de saisir cette résidence, de la garder pour lui, de la
chaparder, ça a été un symbole de son hyper-présidence, l'emblème de ce
super-chef d'Etat écrasant le chef du gouvernement. On peut donc être surpris
que François Hollande, qui souhaitait se distinguer et apparaître comme plus
proche des Français, la conserve, n'en rende pas les clefs. Encore une fois,
François Hollande fait finalement comme Nicolas Sarkozy ", s'étonne Patrice
Machuret, journaliste politique à France 3 et auteur de Un long dimanche à
Versailles : la République à la Lanterne, publié au Seuil en 2010.

Les premières dames sous le charme

Selon lui, il y a
aussi une dimension personnelle dans ce choix. "La compagne du chef de
l'Etat, Valérie Trierweiler, est tombée sous le charme de la Lanterne, comme
avant elle Cécilia Sarkozy, et comme Carla Bruni qui a même choisi d'y donner
son dîner de mariage ", note Patrice Machuret.

Le député
socialiste de l'Aisne, René Dosière, spécialiste des dépenses publiques, est lui
aussi surpris de cette décision de François Hollande de conserver la Lanterne,
au dépens du premier ministre. "Le candidat François Hollande m'avait
consulté en 2012 au sujet du train de vie de l'Etat et j'avais dit que je
trouvais bien plus sage de rendre la Lanterne au Premier ministre. En terme
d'image, savoir que le président passe son temps libre à Versailles, presqu'au
château, ça peut donner lieu à des commentaires fâcheux ",
explique-t-il.

Matignon paie l'addition

Plus fâcheuse
encore, la question de la situation juridique et financière de la Lanterne. Dans
son dernier rapport du 15 juillet, la Cour des comptes exige sa
clarification. Le coût
d'entretien de la Lanterne est estimé à 200.000 euros par an (entretien,
gardiens, présence de CRS, personnel pour d'éventuelles réceptions). 

Et, même si
depuis 2007, c'est le président de la République qui profite des lieux, c'est
toujours Matignon qui paie la facture. En tout cas c'était le cas jusqu'en  décembre dernier.