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Hervé Morin sifflé lors du congrès extraordinaire du Nouveau centre

Le président du Nouveau centre, Hervé Morin, a été sifflé par ses militants lors du congrès extraordinaire de son parti samedi 25 février à Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne). Mais sa motion appelant à soutenir Nicolas Sarkozy est largement majoritaire.
Article rédigé par Daïc Audouit
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Hervé Morin 25 février 2012 (FTV)

Le président du Nouveau centre, Hervé Morin, a été sifflé par ses militants lors du congrès extraordinaire de son parti samedi 25 février à Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne). Mais sa motion appelant à soutenir Nicolas Sarkozy est largement majoritaire.

Hervé Morin, sous le feu des sifflets. Au pavillon Baltard, où était enregistrée "la Nouvelle Star", on retrouve l'ambiance des grandes heures de l'émission de M6.

Sifflets

Face aux jurés-adhérents, M. Morin doit défendre sa candidature avortée. "Ma candidature n' a pas été une aventure individuelle", proclame t-il à la tribune qui ressemble, quelquefois, à un lieu de supplice.

La bronca, dans la salle, monte. Sifflets et cris de démission. En Ile de France, à Nogent sur Marne, Morin n'est pas en terre amie. Et cela se sent. Les 2/ 3 de la salle sont contre lui. Mais lors du débat, ce sont ses partisans qui monopolisent le micro.

A la fin de son discours, de timides "Au revoir Président" montent du fond de la salle. Jean-Marie Cavada intervient aussitôt: "Je dis aux jeunes gens égosillés qu'on est pas ici pour avoir le premier prix du brouhaha ou du bordel".

Bilan de la candidature

Hervé Morin a pu néanmoins dérouler ses arguments sans être perturbé, outre-mesure. "Oui cette campagne a permis d'affirmer l'existence du Nouveau centre, de faire partager notre sensibilité, même insuffisamment. Nous avons semé. Viendra le temps de la récolte", proclame-t-il.

Ses lieutenants mènent la charge contre François Sauvadet et Jean-Christophe Lagarde qui se sont opposés à la candidature Morin. "Cher Jean Christophe, on peut se faire plaisir en comparant Morin à une chèvre, mais mesures-tu les nuisances que tu as causé", interroge le député Jean Dionis du Séjour qui ajoute: " Hervé tu as gagné notre respect et notre fidélité".

François Sauvadet, vice-président du Nouveau centre et ministre de la fonction publique, lui répond. "Je te demande Hervé de réflechir à ce que ta candidature a coûté à notre mouvement au fil des sondages", interpelle-t-il.

"La campagne nous a marginalisé. Nous n'avons pas grandi pendant trois mois et pas plus avec la journée d'aujourd'hui", ajoute M. Lagarde sous les applaudissements et les sifflets, une nouvelle fois mêlés.

Soutien à Nicolas Sarkozy

L'enjeu du Congrès est de faire connaître le choix du mouvement pour l'élection présidentielle, via un vote électronique entre trois motions. M. Morin, sans surprise, réaffirme son soutien à Nicolas Sarkozy et présente une motion dans ce sens.

C'est aussi le souhait de MM Sauvadet, Lagarde et consorts qui pourtant ne rejoignent pas cette motion. Ils ne veulent pas donner l'impression de soutenir l'ancien candidat à l'élection présidentielle, accusé de présenter "une motion d'absolution".

Une autre motion a été déposée appelant à soutenir François Bayrou. Elle est défendue par Jérémy Coste, président des Jeunes centristes. Lui aussi est conspué, pendant son discours à la fois par les pro-Morin et les pro-Lagarde. "Ecoutez les autres centristes qui nous attendent. Soyons dignes de nos idées", lance t-il sous les sifflets.

La motion Morin recueille 67, 63% des voix. Un succès à relativiser par le faible taux de participation. Seulement 34%. Le Nouveau centre, en fait, a déjà tourné la page de la présidentielle et s'occupe de l'étape d'après.

Rivalités futures

La stratégie est axée sur les futures législatives, L'objectif commun est d'avoir le groupe centriste le plus important possible à l'Assemblée, y compris avec des radicaux, des centristes de l'UMP, voire le MoDem. "Soit pour empêcher que l'UMP ne soit majoritaire seule, soit pour reconstruire une opposition digne de ce nom", explique M. Lagarde.

Encore, faudra t-il dépasser les querelles d' ego. A Nogent, les débats se cristallisent autour de M. Lagarde, le plus violent à l'encontre de M. Morin. "Lagarde erre" plaisante un élu du sud-ouest. M. Morin, assis au premier rang, n'a pas hésité à interrompre le discours de M. Lagarde en lui demandant "pourquoi tu as soutenu Borloo ?".

En ligne de mire déjà, la bataille pour la présidence du parti qui se jouera à l'automne prochain, et pour laquelle M. Morin se porte dès aujourd'hui candidat.

"Ce qui est certain, c'est qu'on ne pourra plus dire que les centristes sont soporifiques", conclut une jeune militante. C'est peut-être la seule consolation de cette journée de règlements de compte.

Reportage France 3, 25 février 2012

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