Grenoble : les Verts à une marche de la mairie, tensions à gauche
Avant le premier tour des municipales dimanche, les sondeurs donnaient le candidat socialiste en tête, avec une avance confortable de 10 points. Mais, à la surprise générale, c'est l'écologiste Eric Piolle qui est arrivé en tête avec 29,41% des voix devant Jérôme Safar, membre de l'équipe municipale sortante PS (25,31%). L'UMP du candidat Matthieu Chamussy est arrivée en troisième position avec 20,86%. Quant au Front national, il a réalisé pour la première fois dans cette ville de gauche, un score à deux chiffres, Mireille D'Ornano obtenant 12,56%.
Logiquement, le dauphin du maire sortant Michel Destot, qui ne se représentait pas après trois mandats, aurait du trouver un accord avec la liste arrivée en tête mais après des discussions infructueuses, et malgré des pressions très fortes au niveau national -Ayrault, Valls et Harlem Désir l'ont appellé directement-, il a décidé de maintenir sa liste. Une quadrangulaire se prépare donc à Grenoble pour le second tour de dimanche.
Première conséquence, Jérôme Safar (47 ans) s'est vu retirer l'investiture du PS. Loin de gêner le candidat socialiste, il assume son choix de se maintenir, et les conséquences qui vont avec.
Cette décision du PS de lui retirer l'investiture a touché le candidat Jérôme Safar militant socialiste de longue date. "Le parti m'a lâché, au moins nationalement, car localement il ne me lâche pas. Je suis touché humainement par l'attitude du parti. Je ne pensais pas qu'Harlem Désir ferait ce genre de choses ", explique le candidat.
1777 voix séparent Jérôme Safar du candidat écologiste à la tête d'une liste EELV-Parti de gauche. Comment compte-t-il refaire son retard ? "Grâce à un travail de pédagogie, en allant convaincre les gens. La stratégie d'Eric Piolle est floue. Et les déclarations de Jean-Luc Mélenchon qui a dit qu'il voulait faire de Grenoble son vaisseau amiral, est-c'est ça que les gens veulent ? ", interroge encore le socialiste.
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Et Jérôme Safar de descendre en flèche le programme de son adversaire vert, le jugeant "risqué " pour la ville en raison des alliances "avec le parti de monsieur Mélenchon ". En maintenant sa candidature, Jérôme Safar prend donc le risque -certes très faible, mais le risque tout de même- d'offrir une petite chance de victoire à la droite grenobloise emmenée pour ces élections municipales par Matthieu Chamussy, 43 ans, conseiller municipal d'opposition et qui se présente pour la première fois.
Matthieu Chamussy ne veut pas croire en la victoire d'Eric Piolle
Il veut croire en ses chances malgré son score parmi les plus faibles de l'UMP dans les grandes villes lors du 1er tour, et malgré la présence sur sa liste (en 9e position) de l'ancien maire Alain Carignon. Il pense que le candidat socialiste n'a plus sa place lors de ce second tour : "Jérôme Safar est hors-jeu. Il reste deux projets : un projet qui casse le modèle économique grenoblois, qui promet plus de bouchons, et il y a le projet que je porte ".
Le candidat de l'UMP se veut ainsi le seul rempart contre la liste EELV-PG arrivée en tête dimanche dernier. "Si les Grenoblois mesurent que nous sommes une vraie alternative, ils se rassembleront sous ma candidature. Le mouvement qui est en train de naître prend une ampleur que vous ne mesurez pas ", assure Matthieu Chamussy, qui ne veut pas croire à l'élection dimanche prochain d'un maire écologiste à la tête de la capitale des Alpes et de ses 160.000 habitants.
"Mensonges" et "légendes" dans la campagne
Eric Piolle, en position de favori, encaisse les critiques mais dénonce aussi le climat de cette campagne électorale qui s'est durci après le premier tour. Il dénonce notamment les mensonges et les "légendes " qui font peur. "Ça rappelle les bruits qui courraient avant 1980, avec les chars russes qui étaient à nos portes. Aujourd'hui ça ressurgit, avec des mails, des SMS, une campagne ignoble. Mais je ne dévierai pas ", explique le candidat écologiste.
Eric Piolle a 42 ans. Ancien ingénieur chez HP, il est comme Jérôme Safar, élu au conseil régional. Ils appartiennent tous les deux à la même majorité à la région et sont tous les deux chefs de leur groupe politique à l'assemblée régionale. Et, dans la vie, les deux hommes s'entendent plutôt bien. Une raison supplémentaire pour Eric Piolle de regretter l'échec de l'union au second tour. "J'ai travaillé avec toute mon énergie, et jusqu'au dernier moment. A l'intérieur de la liste de monsieur Safar, des gens ont plaidé pour cette union. Malheureusement, ils n'ont pas été entendus ", poursuit-il.
Quant au Front national, il a réalisé à Grenoble, lors du premier tour, un score historique sur une terre de gauche et dans une ville qui a offert à François Hollande 10 points de plus que son score national à la présidentielle. Jamais l'extrême droite n'avait fait un score à deux chiffres. Avec ses 12,56%, Mireille D'Ornano (62 ans) entend bien faire revenir le FN au sein du conseil municipal
"J'espère bien avoir trois ou quatre conseillers municipaux pour faire une opposition forte et offrir une implantation au FN. A terme, nous pourrons faire comme Steeve Briois, et prendre plus de villes ", conclut Mireille D'Ornano.
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