Comment Martine Aubry revient sur le devant de la scène
Après plusieurs mois de silence, la maire PS de Lille annonce son intention de faire des propositions pour infléchir, à gauche, la ligne du gouvernement. Récapitulatif de ce retour médiatique.
Une petite musique avant un retour en fanfare ? "L'abstinence médiatique de Martine Aubry est terminée", assure "un député proche de la maire de Lille" cité par le Huffington Post. Et les signes se multiplient depuis la fin août.
Après une conférence de presse, lundi 8 septembre, où Martine Aubry a appelé Manuel Valls à ne "pas se crisper", retour en trois actes sur ce come-back médiatique.
Acte 1 : elle soutient les frondeurs en sous-main
Le Point s'en faisait déjà l'écho en avril dernier : Martine Aubry ferait partie de ceux qui alimentent la fronde, au Parti socialiste, contre le plan d'économies du Premier ministre. C'est à elle aussi qu'est imputé le refus de François Lamy, un de ses proches, d'entrer fin août dans le deuxième gouvernement Valls.
Selon Le Monde (article abonnés), François Lamy n'a pas voulu servir de "caution aubriste". Il a expliqué à Manuel Valls : "Ce n'est pas une question personnelle, mais comme j'ai cru comprendre que le gouvernement ne devait avoir qu'une seule ligne, j'aurais peur de poser plus de problèmes dans quelques mois que de solutions."
Acte 2 : elle passe à l'offensive sur les loyers
Martine Aubry choisit de faire son premier coup d'éclat, à la rentrée, sur la question sensible du logement, alors que l'ex-ministre Cécile Duflot vient d'adresser via son livre, De l'intérieur. Voyage au pays de la désillusion, de virulentes critiques à François Hollande à ce sujet.
Samedi 30 août, pendant l'université d'été du PS à La Rochelle, Martine Aubry réclame ainsi que Lille, "reconnue comme la troisième ville la plus chère de France", puisse bénéficier de l'encadrement des loyers. Un encadrement que Manuel Valls a pourtant souhaité cantonner à Paris. Le lendemain, le Premier ministre lui répond favorablement dans le Journal du dimanche.
Par cette mesure symbolique, Martine Aubry joue gagnante à la fois sur le plan local (puisque sa ville en est bénéficiaire) et sur le plan national, vu l'ampleur du problème : la Fondation Abbé-Pierre estimait l'an dernier à plus de 8,5 millions le nombre de mal-logés en France.
Acte 3 : elle critique le gouvernement Valls
Sur le plan de la contestation, l'ex-première secrétaire du PS passe ensuite à la vitesse supérieure, comme le souligne Le Huffington Post, en réclamant ouvertement, dimanche 7 septembre, "des inflexions dans la politique économique, pour que la croissance revienne".
C'est d'ailleurs sur cette notion qu'elle insiste, souligne Le Monde (article abonnés) : "Je veux juste dire les choses simplement : je suis favorable à la maîtrise de la dette et à la réduction des déficits, mais cette réduction ne peut pas se faire au détriment de la croissance." Une façon de s'inscrire contre les tenants de l'austérité.
Et après ? Selon Le Monde (article abonnés), Martine Aubry devrait "prendre officiellement la parole fin septembre ou début octobre à travers une tribune dans Le Monde suivie du journal de 20 heures et d'une émission politique".
Pourquoi se remet-elle en selle ? Cité par le Huffington Post, un de ses proches, l'eurodéputé Gilles Pargneaux, patron de la fédération PS du Nord, assure que tout ce qu'elle souhaite, "c'est la victoire d'un président socialiste en 2017". Avant d'ajouter : "La victoire de François Hollande." Bien sûr.
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