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Suppressions de postes : "On va se retrouver forcément avec des classes plus chargées"

Le syndicat national des lycées et collèges s'inquiète de l'annonce lundi de la suppression de 1 800 postes dans le second degré et dans l'administration au sein de l'Education nationale.

Article rédigé par franceinfo
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Le Syndicat national des collèges et lycées s'inquiète de l'augmentation du nombre d'élèves par classe. (DAMIEN MEYER / AFP)

Le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé lundi 17 septembre sur France Inter la suppression de 1 800 postes dans le second degré (collège et lycée) et dans l'administration. De quoi inquiéter Jean-Rémi Girard, le président du SNALC (Syndicat national des lycées et collèges). Interrogé sur franceinfo, il estime que l'on "va se retrouver forcément à l'arrivée avec des classes plus chargées".

Pour le ministre, les enseignants seront gagnants grâce au recours aux heures supplémentaires. Ce que réfute Jean-Rémi Girard : "certains enseignants vont se retrouver avec une classe supplémentaire imposée et un gain de rémunération très faible (...) j'ai réécouté ce qu'il a dit et cela me met en fureur", a-t-il rétorqué.

franceinfo : 1800 postes en moins dans l'Education nationale. Quelles sont les conséquences d'une telle décision ?

Jean-Rémi Girard : Ce sont des conséquences assez évidentes qu'on connaît bien. On sait que ça va être plus compliqué et que les conditions de travail vont être plus difficiles pour les élèves et pour les enseignants. On va se retrouver forcément à l'arrivée avec des classes plus chargées, d'autant que les chiffres du ministère le disent : dans le second degré (collèges et lycées), les effectifs augmentent jusqu'à au moins 2022. Si on met moins de profs devant plus d'élèves, forcément ce n'est pas terrible.

Vous ne croyez pas le ministre Jean-Michel Blanquer, quand il affirme que ça ne va rien changer en termes d'effectifs dans les classes ?

Il va même plus loin, il ne dit même pas que ça ne va rien changer, il dit qu'on va faire des classes à 24, 25 élèves. J'ai réécouté ce qu'il a dit lundi matin et cela me met en fureur. C'est comme si un ministre vous disait que la terre est plate. C'est hallucinant de proférer de telles contrevérités. Les classes de lycées vont continuer à être à 35 [élèves], elles vont monter à 36 et 37 régulièrement et peut-être même au-delà. On ne va pas fusionner des classes de 15 et de 35 élèves pour en faire des classes de 25. C'est un énorme mensonge. Certains enseignants vont se retrouver avec une classe supplémentaire imposée et un gain de rémunération très faible.

Vous ne croyez pas non plus Jean-Michel Blanquer quand il dit que cela va être compensé par un recours aux heures supplémentaires ?

Il y a déjà des heures supplémentaires. Nous sommes à la limite de ce qu'on peut absorber. Dans les dotations horaires, il y a déjà plus d'une heure supplémentaire par enseignant et si les enseignants décidaient de tous refuser au-delà de la première heure supplémentaire, c'est le système qui se casserait complètement la figure parce que ça ne marcherait plus du tout. Des enseignants qui avaient le choix de faire [ou pas] des heures supplémentaires, d'un seul coup vont tous se retrouver à être, éventuellement, obligés d'en faire. Et ça aussi c'est une dégradation des conditions de travail.

Il y a quand même une proposition pour améliorer le pouvoir d'achat des enseignants du second degré ?

Ce n'est pas comme ça qu'on valorise le pouvoir d'achat et qu'on améliore les ressources humaines. Il n'y a pas d'effort fait sur la revalorisation [des salaires]. Si on veut faire une revalorisation, il faut prendre les grilles et augmenter le nombre de points d'indice et ce n'est pas du tout ce qui est fait. Il y a déjà des enseignants qui font deux heures supplémentaires ou plus, c'est normal qu'ils gagnent plus d'argent, ça ne va rien changer à ce niveau-là.

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