Baisse des aides à l'emploi : "Une mauvaise idée" pour Brigitte Bourguignon, députée LREM
"Nous ne sommes pas là pour traduire uniquement les idées de Bercy", affirme Brigitte Bourguignon. La députée LREM du Pas-de-Calais réagit aux déclarations du ministre de l'Économie ce 20 mai. Selon Bruno Le Maire, les aides à l'emploi pourraient être réduites si le chômage baisse.
Brigitte Bourguignon, la présidente de la Commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale et députée LREM de la 6ème circonscription du Pas-de-Calais, réagit aux déclarations, dimanche, de Bruno Le Maire.
Le ministre de l'Économie a déclaré : "Sur la politique de l'emploi, je considère qu'à partir du moment où nous réussissons à créer des emplois dans le secteur privé (...) il peut être légitime de réduire la politique sociale sur l'emploi".
franceinfo : Êtes-vous d'accord avec cette remarque de Bruno Le Maire qui estime qu'il peut être légitime de réduire la politique sociale sur l'emploi ?
Brigitte Bourguignon : Bruno Le Maire est un bon ministre de l'Économie, s'il était ministre des Affaires sociales il ne parlerait pas de cette manière. Je pense que pour l'instant on essaie de construire, on essaie de réformer pour que l'emploi reparte et c'est le cas. Mais pour autant, c'est en ce moment que l'on a besoin de l'aide sociale comme par exemple la prime d'activité, qui est un encouragement à l'émancipation par le travail. Ce n'est pas là-dessus que l'on doit raboter.
C'est donc une mauvaise idée du ministre ?
C'est une mauvaise idée, c'est une idée de Bercy et nous ne sommes pas là pour traduire uniquement les idées de Bercy. Il y a la représentation nationale qui travaille sur le volet social du projet présidentiel. Je ne suis pas là pour accréditer l'idée que le président de la République est le président des riches mais c'est par ce genre de propos qu'on pourrait l'accréditer davantage.
Est-ce seulement un ballon d'essai ?
J'espère que ce n'en est qu'un, mais on connaît le principe des notes de Bercy qui fuitent. À nous de prendre de la hauteur et nos responsabilités. Le président lance des stratégies contre la pauvreté qui seront émancipatrices et qui prennent le mal par la racine auprès de la jeunesse, de la petite enfance, des quartiers... Ce n'est pas le moment, justement, d'annoncer ce genre de coup de rabot qui sera totalement inutile. Je pense qu'une société accepte la réforme quand elle est vécue dans la justice sociale et pas dans l'injustice.
Selon Bruno Le Maire, il s'agit de faire baisser le déficit public. Pour vous ce n'est pas là qu'il faut chercher des économies ?
Ce n'est certainement pas là qu'il faut chercher des économies et ce n'est certainement pas le moment. Au moment où l'on voudrait que les personnes reprennent espoir, aient confiance dans l'économie, ce n'est pas l'heure de cibler les plus démunis. Ça ne fait rien avancer du tout. Avec beaucoup de parlementaires de cette majorité, nous sommes en phase avec le président de la République pour dire qu'il faut une stratégie émancipatrice et un beau modèle social. Il faut que les gens adhèrent à ce projet de consensus social mais si vous pénalisez déjà ceux qui ont moins, ce n'est pas comme ça qu'on construit une société en France.
Est-ce que vous attendez un arbitrage de la part du président ? Qu'il désavoue son ministre de l'Economie ?
Je ne désavoue personne, je demande simplement à ce que chacun s'exprime dans le portefeuille qu'il a. Je comprends que Bruno Le Maire soit là pour réduire le déficit mais j'aimerais bien aussi qu'on parle de façon plus positive de tout ce qui peut être prestation sociale et pas seulement en termes misérabilistes comme c'est fait en ce moment. Ce ne sont pas des chèques, c'est quelque chose d'émancipateur, au contraire, lorsqu'on le construit. Qu'il faille réformer certains dispositifs qui ne sont pas efficients, tout le monde est d'accord. Mais en parler dans une logique comptable, ce n'est pas ce que les gens attendent de nous.
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