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Violences dans les stades : "Le côté positif, c'est vraiment de vouloir responsabiliser tout le monde", salue un sociologue, après les annonces du gouvernement

Nicolas Hourcade, sociologue, enseignant à l’Ecole centrale de Lyon, juge qu'il faut impliquer à la fois les clubs, les supporters et les joueurs pour résoudre le problème des violences dans les stades.

Article rédigé par franceinfo
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Le joueur Dimitri Payet après avoir reçu une bouteille d'eau de la part d'un supporter durant le match OM / OL le 21 novembre 2021. (PHILIPPE DESMAZES / AFP)

"Le côté positif, c'est vraiment de vouloir responsabiliser tout le monde" en cas de violences lors des matchs de foot, a expliqué jeudi 16 décembre sur franceinfo Nicolas Hourcade, sociologue, enseignant à l’Ecole centrale de Lyon, spécialiste des supporters de football, après la réunion autour de Gérald Darmanin jeudi matin pour présenter des solutions contre la violence dans les stades de football. Match "définitivement interrompu" en cas de joueur ou arbitre agressé, bouteilles en plastique interdites, filets de protection mobilisables... Le gouvernement a dévoilé des mesures de sécurité renforcées face aux incidents à répétition. 

franceinfo : Que pensez-vous des décisions annoncées ?

Nicolas Hourcade : Il y a des choses très positives dans cette réunion, comme la volonté de vouloir coordonner tous les acteurs publics et sportifs. Il n'y a pas d'annonce médiatique mais l'application de mesures existantes et d'autres pragmatiques et adaptées. L'accent a été mis sur les sanctions individuelles. C'est comme ça que les pays voisins ont pu assainir l'ambiance. Le dispositif sur l'arrêt des matchs me paraît plus clair même s'il reste des points flous, et la fin des bouteilles en plastique est bien. C'est dommage d'avoir attendu fin novembre, début décembre pour traiter de ces sujets alors qu'il y a des violences depuis le mois d'août.

Pensez-vous qu'il sera facile d'appliquer des sanctions individuelles ?

Il y a différents types d'interdictions et certaines sont plus solides que d'autres. Un supporter peut être interdit de stade de trois manières. Soit par la justice après une condamnation, soit de manière préventive par le préfet, soit par le club lui-même. Le club ne peut pas contrôler que le supporter ne contourne pas cette interdiction. En revanche, une interdiction judiciaire ou administrative peut entraîner une obligation de pointage et là le contrôle peut être très fort. C'est pour ça que ce ne sont pas les clubs qui doivent être en première ligne mais la police et la justice.

Dimitri Payet suggère que ce soit parfois aux joueurs de décider d'arrêter la rencontre. Qu'en pensez-vous ?

C'est très intéressant que tout le monde se sente responsable et que des joueurs puissent prendre position, y compris des joueurs de l'équipe dont les supporters ont lancé des projectiles. Si un joueur de Marseille est touché il faut que les Lyonnais soient solidaires. Quand ces situations se reproduiront on saura arrêter le match. Le côté positif, c'est vraiment de vouloir responsabiliser tout le monde.

Faut-il aussi responsabiliser plus clairement les dirigeants des clubs ?

Depuis le début de la saison, on a vu un double problème. Les débordements des supporters et le fait que les matchs sont moins bien organisés qu'avant la crise sanitaire. On a du mal à recruter des stadiers compétents, bien formés et bien payés. Les clubs étant en difficultés financières ils ont sans doute sous-dimensionné sur certains matchs leurs dispositifs de sécurité. Donc que les clubs soient responsabilisés sur l'organisation du match et le dispositif de sécurité, c'est fondamental, qu'ils soient responsabilisés sur la relation aux supporters dans le sens où on ne peut pas faire monter la pression en permanence et s'étonner le soir que ça déborde. C'est aussi aux acteurs du football de montrer l'exemple et aux supporters de se responsabiliser.

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