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Trois questions sur "Chez nous", le film qui ne plaît pas au Front national

Le prochain long métrage du cinéaste belge Lucas Belvaux provoque la colère des dirigeants du FN, qui déplorent sa sortie à quelques mois de la présidentielle. Le réalisateur parle de "film citoyen" et non "militant".

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le réalisateur belge Lucas Belvaux, le 22 avril 2014, à Paris. (MAXPPP)

"Film anti-FN" pour ses détracteurs frontistes. Film "engagé" et "citoyen" pour son réalisateur. Des dirigeants du Front national ont pris en grippe le cinéaste belge Lucas Belvaux depuis qu'ils ont vu la bande-annonce, mise en ligne vendredi 30 décembre, de son prochain film, Chez nous, qui sort en salle le 22 février. Franceinfo revient sur la polémique.

De quoi parle le film ? 

Ce long métrage suit le parcours de Pauline, une infirmière à domicile dévouée vivant à Hénard, une ville du Nord, entre Lens et Lille. Un jour, la jeune femme, interprétée par Emilie Dequenne, est approchée par les dirigeants d'un parti d'extrême droite, le Bloc patriotique, qui, profitant de sa popularité, lui proposent d'être leur candidate aux élections municipales. A l'instar du Front national, présidé par Marine Le Pen, le parti est dirigé par une femme, incarnée à l'écran par Catherine Jacob.

Pourquoi le FN s'attaque-t-il au film ?

Pour le vice-président du FN Florian Philippot, qui dit avoir vu la bande-annonce, il est "scandaleux" qu'un film "clairement anti-Front national" sorte "en pleine campagne présidentielle", "à deux mois du vote"

Convaincu que Lucas Belvaux "n'agit pas tout à fait seul" en choisissant une sortie aussi proche de l'échéance électorale, il réclame "qu'on ait quand même un minimum de décence républicaine, de respect de la démocratie"

Ce membre de la garde rapprochée de Marine Le Pen, invité du "Grand Rendez-vous" i-Télé-Europe 1-Les Echos, suggère de "mettre le budget de ce film sur les comptes de campagne [des] adversaires [du FN]".

Pour Steeve Briois, autre vice-président du FN, maire d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) et proche de Marine Le Pen, celle-ci est "caricaturée" par Catherine Jacob, qu'il qualifie dans un tweet de "pot à tabac". Quant au film, c'est un "navet", lâche-t-il, à l'instar de Florian Philippot.

Que répond Lucas Belvaux ? 

"Ce n'est pas un film militant, c'est un film engagé, un film citoyen, fait pour provoquer la discussion, pas pour provoquer le FN ou la peur du Front national", se défend Lucas Belvaux sur RMC et BFMTV. "Ce n'est pas tant un film anti-FN qu'un film sur le discours populiste et sur comment les gens s'engagent en politique. Ce sont les électeurs qui m'intéressent, pas les partis politiques", ajoute le réalisateur.

"Ce qui m'amuse dans la réaction de [Florian] Philippot et de Steeve Briois, c'est qu'ils me taxent de caricature, alors que mes personnages sont moins caricaturaux qu'eux. La brutalité de leur discours m'a surpris, réagit le cinéaste. [Florian] Philippot n'a vu que la bande-annonce, donc c'est une polémique à peu de prix qui évite le débat sur le fond du film."

Déjà, en mars, dans La Voix du Nord, le cinéaste s'était défendu de s'attaquer au FN. "Nous ne citons pas du tout le FN, avait-il assuré. Il s’agit d’un parti populiste que nous appelons le Bloc. C’est un parti fictionnel déjà présent dans le livre Le Bloc, du romancier Jérôme Leroy, sorti chez Gallimard Série Noire. J’ai écrit le scénario avec lui, même s’il ne s’agit pas d’une adaptation. Je récupère une série de thématiques."

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