Trois questions pour comprendre l'enquête sur le financement du FN
Marine Le Pen a été entendue, mardi, comme témoin assisté dans l'enquête sur le financement des campagnes 2012 du FN.
La présidente du Front national, Marine Le Pen, a été entendue comme témoin assisté, mardi 5 janvier, dans le cadre de l'enquête sur le financement de son parti. Au total, plusieurs millions d'euros pourraient avoir été détournés. Déjà convoquée par les juges en octobre et novembre, la présidente du FN avait refusé de répondre, prétextant un agenda trop chargé.
Ouverte en 2014, l'enquête porte sur le financement des campagnes pour les législatives et la présidentielle de 2012. Que reproche la justice à Marine Le Pen et à son parti ? Que risquent les diverses personnes visées par l'enquête ? Francetv info fait le point en trois questions.
Qu'est-ce qui est reproché au Front national ?
Les juges soupçonnent un système frauduleux d'enrichissement avec de l'argent public, grâce à deux entités. Il y a tout d'abord la société de communication Riwal, principal prestataire du parti d'extrême droite, dirigée par un ami de Marine Le Pen, Frédéric Chatillon. Lors des législatives, cette entreprise aurait fourni aux 525 candidats frontistes des kits de campagne, comprenant tracts, affiches et cartes postales, le tout pour un montant s'élevant jusqu'à 16 650 euros l'unité.
Les enquêteurs soupçonnent la société Riwal d'avoir gonflé les prix, pour surfacturer l'Etat, qui rembourse les frais de campagne. Ils suspectent également la mise à disposition gratuite de locaux ou d'employés, la prise en charge de factures, ou des facilités de paiement en faveur du FN ou du microparti politique Jeanne.
Ce dernier, créé en 2010 par des proches de Marine Le Pen, aurait accordé des prêts afin d'acheter les kits de campagne, à un taux de 6,5%, soit environ 1 000 euros par kit. Les enquêteurs soupçonnent le microparti d'avoir, là aussi, alourdi la facture pour l'Etat.
Pourquoi Marine Le Pen a été entendue ?
La présidente du FN est une proche des responsables de Riwal et de Jeanne. Le microparti, qui ne mentionne nulle part le nom de Marine Le Pen, semble pourtant suivre l'ascension de la présidente du FN depuis sa création en 2010.
"La masse des témoignages récoltés par la presse à longueur d'enquêtes depuis plusieurs années ne laisse guère de doute : Jeanne, le microparti de la nébuleuse frontiste, dans le viseur de la justice, est bien la machine de guerre de la présidente du Front national", affirme Le Monde.
Les enquêteurs cherchent désormais à savoir quelle est sa responsabilité éventuelle dans cette affaire. A ce jour, Marine Le Pen est entendue en tant que "témoin assisté", un statut intermédiaire entre ceux de témoin simple et de mis en examen.
Qui d'autre est concerné par cette affaire ?
Depuis l'ouverture de l'enquête, les mises en examen se sont succédées. Au total, plusieurs personnes et entités sont visées par l'enquête : le vice-président du FN, Jean-François Jalkh, son trésorier, Wallerand de Saint Just, le patron de Riwal, Frédéric Chatillon, le trésorier de Jeanne, Axel Loustau, ainsi que Jeanne et Riwal en tant que personnes morales. Le FN, lui-même, est mis en examen pour recel d'abus de biens sociaux et complicité d'escroquerie. Selon Le Monde, "Steeve Briois, ancien secrétaire général du parti, devrait être bientôt entendu dans la même affaire".
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