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Séminaire du Front national : le parti "est en situation de crise car la cheffe est remise en question"

Erwan Lecoeur, sociologue et politologue, a estimé, jeudi sur franceinfo, que le Front national était en situation de crise avant son séminaire qui a lieu ce week-end.

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Marine Le Pen sur les bancs de l'Assemblée nationale le 10 juillet 2017. (BERTRAND GUAY / AFP)

Les principaux dirigeants du Front national se réunissent en conclave, vendredi 21 et samedi 22 juillet, après des semaines de déchirements internes. Ce séminaire à huis-clos démontre que "le Front national est en situation de crise car la cheffe est remise en question", a estimé Erwan Lecoeur, sociologue et politologue, jeudi 20 juillet sur franceinfo. Selon le spécialiste de l’extrême droite, les espoirs levés par Marine Le Pen lors de l'élection présidentielle ont été déçus, "car le phénomène Macron est venu rafler la mise de la fin du clivage gauche-droite".

franceinfo : Après l'échec de Marine Le Pen à la présidentielle, le parti est-il à un tournant ?

Erwan Lecoeur : Oui, à un tournant stratégique. Le score de la présidentielle est quand même le meilleur score que le Front national ait jamais fait, idem pour les législatives. Depuis 2014, le Front national reste un parti puissant. C'est donc un échec relatif. En réalité, il y a eu beaucoup d'espoir levé par Marine Le Pen et la stratégie que Florian Philippot lui avait proposé. Ces espoirs ont été déçus, car le phénomène Macron est venu rafler la mise de la fin du clivage gauche-droite, le fameux UMPS. On ne peut pas parler d'un échec stratégique, mais d'un échec réel surtout aux législatives. Le Front national est dans un moment de crise comme il en a déjà vécu. Surtout, il est dans un moment de crise car la cheffe est remise en question.

Deux lignes s'opposent au Front national. Va-t-il falloir clarifier la ligne ?

En réalité il y a beaucoup plus de deux lignes qui s'affrontent au Front national. Depuis très longtemps, le Front national est un ensemble de courants politiques. Ils se sont retrouvés pour espérer un jour réussir à arriver au pouvoir, derrière Jean-Marie Le Pen puis Marine Le Pen, avec des gens extrêmement différents, des cathos traditionalistes, des monarchistes. Il faut bien se représenter le Front national non pas comme un parti traditionnel, mais comme le rassemblement de gens qui se reconnaissent dans un certain nombre de valeurs extrêmement dures, réactionnaires. Ils peuvent aussi se retrouver sur des lignes différentes. Au nord, ce sont plutôt des gens qui regardent du côté du social. Ils sont ni de droite, ni de gauche, c'est un FN souvent plus jeune et moins éduqué. Et puis, il y a un Front national du sud. Il est plus catholique, plus traditionnel, plus de droite. Il est aussi plus âgé.

Pourquoi Florian Philippot semble cristalliser toutes les critiques, voire toutes les rancœurs ?

C'est ce qu'il se passe au FN, quand il n'y a pas qu'un seul chef. Il y a des guerres de clans. C'était déjà le cas en 1998 avec Bruno Mégret qui avait déclenché une guerre des clans. Elle avait mené à la fameuse scission de 1998-1999 qui avait beaucoup coûté au Front national. À l'époque, en 1995, le FN avait déjà fait de très bons scores et en 1998 également. Là, on assiste peut-être à une autre guerre des clans avec Marion Maréchal-Le Pen qui incarnait une tendance, où elle n'était pas du tout la seule, et elle était soutenue par son grand-père qui avait des raisons de se plaindre de sa fille. C'est une histoire familiale. Le Front national est quand même Le Pen d'abord. C'est cela qui est mis en question avec Marine aujourd'hui. Jean-Marie Le Pen ne veut pas quitter le Front national. Il veut imposer un certain nombre de ses lignes politiques. Il a voulu imposer sa petite-fille à sa fille. Il veut aussi exister dans le champ politique.

"Ces espoirs ont été déçus, car le phénomène Macron est venu rafler la mise de la fin du clivage gauche-droite", Erwann Lecoeur

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