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Présidentielle : à Ecouis, un petit village de l'Eure, Marine Le Pen repart en campagne

La présidente du Front national est restée discrète pendant la primaire de la droite. Elle a effectué vendredi une visite près de Rouen, sur le thème de la ruralité.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Marine Le Pen, la présidente du Front national, en visite dans le village d'Ecouis (Eure), le 6 janvier 2017. (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

"On n'est pas des animaux ! Nous aussi on tombe malade, on a les mêmes besoins que les gens des villes." Sur la place du village d'Ecouis (Eure), vendredi 6 janvier, quelques dizaines de militants FN attendent "Marine" de pied ferme. "Les gouvernements de droite comme de gauche centralisent tout. Pour une carte grise, il faut aller jusqu'à Evreux, à 50 km... Et puis on n'est bien moins protégés qu'en ville, il n'y a qu'à voir tous ces cambriolages, c'est une catastrophe !", témoigne un petit groupe d'où émerge une casquette "Les jeunes avec Le Pen".

Ils sont venus la voir, lui dire "bravo" et se prendre en photo avec elle. Mais aussi écouter ce qu'elle est venue dire sur la ruralité et les services publics, thème du déplacement du jour. Pourquoi ici ? "D'abord parce que notre département est le premier désert médical de France avec 180 médecins pour 100 000 habitants", explique Timothée Houssin, le responsable départemental du Front national dans l'Eure. "Et puis parce que notre département est très touché par la fusion forcée des communes et des intercommunalités, qui sont passées de 33 à 14", poursuit-il.

Un argument qui tombe à l'eau

Dans ce village de 800 âmes du Vexin normand, la présidente du Front national est venue visiter une "maison des services au public", abritée dans le minuscule bureau de poste de la commune, qui permet un lien avec les services de Pôle emploi et de deux caisses de retraite.

Une initiative louable pour lutter contre la désertification des campagnes ? Peut-être, mais Marine Le Pen préfère en souligner les inconvénients : "Je suis venue tirer la sonnette d'alarme ! Car bien souvent ce sont en partie les collectivités locales qui financent ces lieux. Autrement dit, les services publics sont payés par l'Etat dans les villes, et par les impôts locaux dans les campagnes", s'insurge-t-elle.

Mais devant le responsable de La Poste qui l'accueille, l'argument fait flop : "En l'occurrence, les collectivités ne financent aucune maison de services au public de La Poste", précise-t-il devant une Marine Le Pen interloquée. "Apparemment, elle était mal informée, la commune ne met pas un centime !" sourit le maire du village, Patrick Loseille, présent par pure courtoisie après avoir été snobé par le parti de Marine Le Pen dans la préparation de la visite.

Un auditoire discret mais conquis

Sans surprise, l'édile ne fait pas partie du petit groupe d'élus invités à dialoguer avec la candidate à la présidentielle à une trentaine de kilomètres de là dans une auberge-restaurant, à Igoville. "Voilà les héros de la démocratie française !" s'exclame-t-elle face à une quinzaine de conseillers municipaux et maires ruraux, encartés ou non, mais tous sympathisants de la cause frontiste.

Tandis qu'une cinquantaine de militants communistes et d'extrême gauche donnent de la voix à l'extérieur, les élus écoutent Marine Le Pen dire tout le mal qu'elle pense du "triptyque intercommunalités-régions-Union européenne" que la gauche et la droite veulent, selon elle, imposer. "C'est une transformation qui va à l'encontre de notre identité. Nous, nous sommes pour les communes, pour les départements et pour l'Etat, c'est clair !", appuie-t-elle.

L'auditoire, plutôt discret, est conquis par l'argumentation de la patronne du FN. Une fois la rencontre terminée, un maire du Calvados se félicite de cette "discussion" finalement assez peu spontanée : "On n'a pas vraiment eu à l'interroger, on a eu les réponses avant même les questions !"

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