"Pas crédible", "pas de concret" : le président du RN Jordan Bardella tente de séduire les petits patrons, mais peine à convaincre

À deux mois des élections européennes, le président du Rassemblement National s'est prêté à l'exercice du grand oral devant les patrons, à l'invitation de la CPME. Avec un succès plutôt mitigé.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le président du RN, Jordan Bardella, devant les patrons, à l'invitation de la CPME, le 20 mars 2024. (BERTRAND GUAY / AFP)

Le président du Rassemblement national et tête de liste RN aux européennes était invité, mercredi 20 mars, à s'exprimer devant les petits patrons, à l'invitation de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME). Face à une centaine de chefs d'entreprises, Jordan Bardella s'est présenté avec son costume cravate et la ferme intention de convaincre. 

"Je vous remercie, Monsieur le président, d'inviter quelqu'un dont vous avez dit ce week-end dans Le Figaro, qu'il n'avait pas grand-chose à dire sur les sujets économiques. Je vais tâcher de vous démontrer le contraire", a-t-il lancé d'emblée en s'adressant au président du syndicat patronal, François Asselin, avant d'exposer ses propositions pour les PME.

Des patrons sceptiques

Sur le front des mesures, Jordan Bardella a notamment avancé la possibilité d'augmenter les petits salaires de 10% sans aucune charge supplémentaire. Une proposition qui a tout de suite été mise en doute par le patron de la CPME François Asselin. "Est-ce qu'avec votre proposition, on n'est pas dans une position un petit peu démagogique qui risque de nous faire décrocher immédiatement en compétitivité d'une part, et d'autre part, un miroir aux alouettes pour nos salariés, puisqu’immédiatement les prix de vente risquent d'augmenter de 10 %", interroge-t-il. 

Et puis il y a cette erreur factuelle, lorsque Jordan Bardella propose un délai avant le rehaussement des charges et des contraintes, lorsqu'une entreprise vient de passer la barre des 50 salariés.  "Sur les seuils, j'évoquais ce délai de carence de trois ans", entame Jordan Bardella, avant d'être repris publiquement par le chef de la CPME : "Pardonnez-moi Monsieur Bardella, mais on a déjà un délai de cinq ans en France". Un échange qui installe un léger malaise dans la salle.

À l’issue de cet oral, la plupart des patrons sont circonspects. "Pas crédible", tranche Carole, une patronne, "il a fait du Bardella, c’est-à-dire qu'il n'y a pas de concret au niveau de l'économie". "On a bien senti effectivement, dans un premier temps, cette volonté d'adoucir leur discours depuis quelques années après la sortie de l'euro, la sortie de l'Europe. Ça n'est pas pour autant qu'il a gagné en crédibilité. On a l'impression d'un discours assez standardisé. Ce qu'on demanderait, c'est de descendre un peu plus dans nos préoccupations", estime un autre patron dans la salle.

Le chemin de la crédibilité apparaît encore long pour le RN, qui ne ménage pourtant pas ses efforts. Jordan Bardella et Marine Le Pen multiplient les rencontres avec des acteurs économiques. Leur entourage assure que de plus en plus de patrons de grandes entreprises les sollicitent pour des déjeuners, loin des médias.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.