Après 57 ans d'attente, Yoro Diao, tirailleur sénégalais, vient d'être naturalisé français
Naturalisé français en avril, Yoro Diao, tirailleur sénégalais, a raconté son histoire à Brut. Témoignage.
C’est dans une petite chambre au foyer Adoma de Bondy que Yoro Diao reçoit les équipes de Brut. Loin d’être le seul tirailleur sénégalais résidant en région parisienne, ils sont une bonne dizaine à être présents lors de l’interview. Fiers de montrer leur nouvelle carte d’identité française, ils sont aussi là pour parler démarches administratives avec Aïssata Seck, adjointe au maire de Bondy qui les a aidés dans leur combat pour obtenir la nationalité française.
Né lorsque le Sénégal était une colonie française en 1928, Yoro Diao a quitté l’école très jeune, ses professeurs étant appelés au front lors de la Seconde Guerre mondiale. Il explique que choisir l’armée a été une manière pour lui de parfaire son éducation. A 18 ans, décide donc d’intégrer l’armée et est engagé quatre ans plus tard chez les tirailleurs sénégalais. “Étant volontaire dans l’armée, je ne pouvais rien refuser. Il fallait donc faire la guerre”, explique l’ancien tirailleur. Il part en effet combattre pour la France lors des guerres d’Indochine et d’Algérie.
“On a jamais vu un France une inscription dans les manuels scolaire sur les tirailleurs”
En 1960, le Sénégal a obtenu son indépendance. Yoro Diao est alors rentré chez lui sans jamais oublier les combats qu’il a mené pour la France. Il demande à plusieurs reprises la nationalité française, estimant la mériter. “ Il y a beaucoup de tirailleurs qui sont morts ici, pour la France.", explique-t-il. Comme d’autres tirailleurs, il a le sentiment d’avoir été oublié une fois les colonies françaises devenues indépendantes.
Les tirailleurs sénégalais regroupent tous les soldats ayant combattu pour la France à l’époque coloniale. Ils pouvaient être Maliens, Togolais ou encore Burkinabais. En partie oubliés par l’Histoire de France, ils demandent réparation: “On a jamais vu un France une inscription dans les manuels scolaire sur les tirailleurs”, explique l'ancien combattant.
Yoro Diao a presque 90 ans. Il a été contraint de vivre dans un studio à Bondy, en région parisienne, au moins six mois de l’année afin de bénéficier d’une allocation. En avril dernier, il a été naturalisé Français, comme 27 autres tirailleurs, par François Hollande après 57 ans d’attente. Au delà de la fierté d’avoir enfin la carte d’identité française, il va pouvoir retourner vivre au Sénégal: “bien sûr qu’on va retourner voir la famille, nos petits enfants. Il n’y a que ce réconfort là qui puisse permettre de vivre.” conclut-il.
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