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Le Gorafi "essaye de courir après" le feuilleton Fillon "mais ce n'est pas facile"

Le site d'information parodique semble parfois dépassé par les rebondissements de cette campagne, qui a presque toujours un coup d'avance sur l'imagination de ses  rédacteurs. Franceinfo a interrogé l'un des fondateurs de ce média satirique. 

Article rédigé par franceinfo - Margaux Duguet
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
François Fillon, lors d'un meeting à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), le 4 mars 2017. (MARTIN BUREAU / AFP)

C'est un tweet qui a été largement partagé. Plus de 6 000 fois. Le 3 mars, un certain Hugo Touzet, un élu communiste parisien, rebondit sur l'affaire Fillon. "La principale victime de cette campagne, c'est quand même Le Gorafi, totalement impuissant face à la concurrence de la réalité", écrit le jeune homme. Succès immédiat. Et que ne démentirait pas le site d'information parodique.

Alors que les rebondissements se succèdent depuis un mois, comment travaillent les rédacteurs du site ? Sont-ils étonnés par ces événements ? Franceinfo a interrogé Sébastien Liebus, co-fondateur du Gorafi, qui n'a visiblement pas perdu son sens de l'humour.

Franceinfo :  Est-ce que vous auriez pu imaginer la tournure prise par cette élection présidentielle ? 

Sébastien Liebus : Il y a souvent des affaires en politique, ça ne date pas d'aujourd'hui. Il y a eu l'affaire Chaban, dans les années 1970, l'affaire des billets d'avion de Chirac en 2002... Mais on ne s'attendait pas à ce que celle-là dure aussi longtemps et que ça se passe comme ça. Comme la plupart des journalistes, nous aussi on avait commencé à écrire des articles comme quoi "Fillon allait être président en 2017". On se disait : "C'est bon, l'année est pliée, on va être tranquille." Mais du coup, on est obligés de travailler. Ce surcroît d'activité, c'est épuisant, en fait. 

C'est "épuisant" pour Le Gorafi de travailler sur l'affaire Fillon ? 

Oui. Il y a beaucoup de gens qui parlent de "gorafisation" de la vie politique française ou même de l'actualité. On se dit : "C'est quoi le prochain truc ?" Ça repousse constamment les limites. On essaye de courir après, comme tous les journalistes, mais ce n'est pas facile. 

La réalité est donc plus forte que votre imagination ? 

On avait déjà ce problème avec Donald Trump. Quand on cherche des idées sur le président américain, c'est très difficile car il est tellement hors norme que trouver quelque chose de plus absurde que lui est très dur. Avec François Fillon, on se demande quelle sera la prochaine étape. On a publié un article vendredi matin dans lequel on dit : 'La France réalise qu'il reste encore 50 jours avant cette putain d'élection présidentielle de merde." C'est rare que l'on utilise des mots vulgaires, mais ce n'est pas par hasard.

Cette élection devient vraiment pénible et on a juste envie que ça se termine. Si on pouvait l'avancer à demain matin... Plus on avance et plus on se demande comment ça va se finir. 

Arrivez-vous à trouver des idées encore plus folles que la réalité ? 

La satire, ce n'est pas juste trouver des "fake news". Ce matin, on a par exemple rebondi sur les propos de François Fillon selon lesquels des médias auraient parlé du suicide de sa compagne. Nous, on a annoncé le suicide de sa campagne. On a utilisé la même terminologie journaliste : "Le corps de la campagne de François Fillon retrouvé à son domicile". Il suffit juste de paraphraser la campagne à un instant T. On n'a pas forcément besoin de monter d'un échelon.

Après, c'est vrai que l'on est dans un contexte où l'on a qu'à se servir pour trouver notre matériel. Mais lorsque l'on regarde la globalité, c'est certes drôle pour nous, mais on se demande vers quoi on va. C'est quand même une élection présidentielle, pas une élection de délégué. On en est au point où Le Gorafi est obligé de donner des interviews sérieuses à plusieurs médias. C'est inquiétant.

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