Fillon dit non aux salles de consommation de drogue
"La priorité du gouvernement est de réduire la consommation des drogues en France, non de l'accompagner voire de l'organiser", indique l'hôtel Matignon dans une déclaration. Il ajoute considérer que "la mise en place de ces centres de consommation de drogue n'est ni utile ni souhaitable en France."
La ministre de la Santé Roselyne Bachelot s'est récemment prononcée pour une concertation sur la mise en place expérimentale de "centres de consommation supervisés", au nom d'un "enjeu sanitaire crucial". Ces centres, déjà implantés dans huit pays permettent de lutter contre la propagation du VIH, limitent les risques d'overdoses et facilitent la réinsertion des toxicomanes.
La division des élus au sujet des "centres de consommation supervisés" n'est pas nouvelle: en décembre dernier déjà, l'initiative avait été présentée au Conseil de Paris par Jean-Marie Le Guen, conseiller socialiste, et immédiatement dénoncée par les élus de droite.
La ministre de la Santé, qui a demandé une concertation sur le sujet, se heurtait déjà aux réactions de son camp. Quatorze députés UMP ont cosigné en début de semaine un texte dénonçant ces "salles de shoot", estimant que "l'usage des drogues se banalise à cause des discours permissifs".
Le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, s'est dit "vraiment opposé" à ce projet. "L'objectif qu'on doit poursuivre, c'est de casser la dépendance à la drogue et pas, d'une certaine façon, d'accompagner la dépendance", a ajouté l'ancien ministre de la Santé, voyant dans l'éventuelle ouverture de ces salles "un très mauvais signal". Le FN quant à lui, parle, lui, d'un gouvernement "en plein délire".
Mais la ministre de la Santé pouvait compter sur le soutien de Nadine Morano, secrétaire d'Etat à la Famille, qui avait appelé hier à "ouvrir le débat parce que dans la lutte contre la drogue, on doit utiliser tous les outils".
L'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) a récemment publié un rapport, sur lequel s'appuyait Roselyne Bachelot. Il recommande "d'adapter la politique de réduction des risques" face à un constat alarmant: 60% des usagers de drogues sont porteurs de l'hépatite C et de nouvelles populations échappent sans arrêt aux dispositifs existants. Un avis contredit par le président de la Mildt (Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie) qui juge que de tels centres sont "discutables sur le plan philosophique" et "ne répondent pas vraiment à la demande d'un point de vue sanitaire".
Le dispositif des centres de consommation supervisés a déjà été mis en place dans plus de 45 villes, dans 8 pays (Allemagne, Pays-Bas, Suisse, Luxembourg, Espagne, Norvège, Canada et Australie). Des études ont montré qu'elles arrivaient à attirer les usagers les plus à risques (SDF, porteurs de maladies infectieuses, consommateurs dans l'espace public) mais aussi des usagers moins précaires. Les associations ont loué leur efficacité dans le processus de réinsertion sociale des toxicomanes.
Paul Chaufour, Anne Jocteur Monrozier avec agences
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