Face aux dissidences socialistes qui contestent l’accord PS-EELV, les écologistes sont fragilisés
Les dissidences PS pourraient-elles empêcher les écologistes d'obtenir plus de quinze députés, quota indispensable pour constituer un groupe parlementaire à l'Assemblée nationale ? Petit tour d'horizon des circonscriptions réputées gagnables.
Censé réserver une soixantaine de circonscriptions aux écologistes, dont une vingtaine réputées gagnables, l'accord PS-EELV signé en novembre 2011 a été mis à mal par le résultat décevant d'Eva Joly à la présidentielle (2,3%). Résultat, un peu partout en France, des socialistes se sont affranchis de cet accord, ouvrant les hostilités entre les deux alliés dans une douzaine de circonscriptions.
Du côté du Parti socialiste (PS), les dissidents ont fait l'objet d'une procédure d'exclusion lancée en début de semaine par le bureau national. Les écologistes doivent donc affronter trois dissidences sérieuses en Bretagne, deux en Basse-Normandie, une dans le Nord, la Sarthe, l'Orne, l'Eure...
"Le risque d'avoir Jean-François Copé en Premier ministre"
Du côté d'Europe écologie-Les Verts, la condamnation est sans appel : ces dissidences proviennent de "petits marquis locaux".
"Les dissidences peuvent altérer les chances des écologistes de gagner, reconnaît David Cormand, responsable des élections à EELV. C'est leur choix, je le regrette parce que cela crée de la division."
"Mais globalement, je suis confiant, ajoute-t-il. Les électeurs vont voter pour l'union de la gauche plutôt que d'ajouter de la division. Ce serait prendre le risque d'avoir Jean-François Copé en Premier ministre."
Les circonscriptions où la gauche peut l'emporter
A Paris, les menaces de dissidences ont été écartées. Le député sortant Serge Blisko, maire du 13e arrondissement, s'est retiré pour laisser la place à Denis Baupin, patron des écologistes parisiens.
Même chose pour Danièle Hoffman-Rispal, députée sortante, qui a finalement accepté de devenir suppléante de Cécile Duflot dans la sixième circonscription de Paris, réputée gagnable elle aussi.
Dans les Pays-de-la-Loire, cinq circonscriptions sont réservées aux écologistes où il doivent composer avec des dissidences socialistes. Cependant, dans la première circonscription de Loire-atlantique, François de Rugy (EELV-PS) peut compter sur son score élevé aux législatives de 2007 (52%) pour remporter à nouveau le scrutin.
Dans la première circonscription du Rhône, Philippe Meirieu (EELV-PS) peut compter sur le bon score de François Hollande à la présidentielle, où il a atteint 56,35% des voix, pour remporter le scrutin. Toutefois, le second tour des législatives de 2007 s'était soldé par une victoire de l'UMP (51,54%). Et le maire de Lyon, Gérard Collomb (PS), brave ouvertement son parti en soutenant officiellement Thierry Braillard (Parti radical de gauche) contre l'écologiste.
Même chose dans la troisième circonscription de Haute-Garonne, où François Simon (EELV-PS) doit faire face à la dissidence socialiste d'Alain Fillola, vice-président du Grand Toulouse. Lors des législatives de 2007, le candidat du Parti socialiste avait obtenu 57,26% des voix.
Dans la huitième circonscription du Nord, Slimane Tir, écologiste soutenu par le PS, est donné gagnant avec 26% des voix au premier tour, selon un sondage Ifop. Mais il doit faire face à la candidature dissidente de Dominique Baert (Divers gauche).
Les circonscriptions fragilisées par la division de la gauche
En Bretagne, trois socialistes sont candidats malgré la présence d'écologistes soutenus par le PS. C'est le cas de la quatrième circonscription des Côtes d'Armor où la gauche avait remporté les législatives de 2007 avec 63,22% des voix.
Dans le Centre, la deuxième circonscription d'Indre-et-Loire est tenue par l'UMP, mais Christophe Rossignol, candidat EELV soutenu par le PS, peut compter d'une part sur une dynamique de campagne favorable et sur le soutien de Michel Sapin, ministre du travail, et Marisole Touraine, ministre des affaires sociales.
Dans la première circonscription des Vosges, Gilles Bilot (EELV-PS) peut croire en une victoire aux vues du score de François Hollande à la présidentielle, même si l'UMP a fait 53,15 des voix en 2007. Il doit toutefois faire face à la candidature socialiste dissidente de François-Xavier Huguenot.
Les circonscriptions où la division peut faire perdre la gauche
En Normandie, on retrouve des cas identiques dans l'Orne. La circonscription, réservée à un candidat écologiste, Omar Ayad (EELV), est visée par le socialiste entré en dissidence Yves Goasdoué.
Dans la cinquième circonscription du Calvados, Isabelle Attard (EELV) se présente dans une circonscription difficile, jugée incertaine puisque François Hollande n'a atteint que 50,10% des voix au second tour de la présidentielle.
Dans la cinquième circonscription de l'Eure, Jérôme Bourlet de la Vallée (EELV-PS) doit faire face à la candidature dissidente socialiste d'Anne Mansouret, la mère de Tristane Banon, qui a été exclue du PS.
En Saône-et-Loire, l'attitude d'Arnaud Montebourg est dénoncée par David Cormand. Selon lui, le ministre se comporte comme un "seigneur vassalique en se réservant le droit de soutenir qui il veut".
"Ce qui est condamnable, c'est d'utiliser la propagande électorale", conclut David Cormand.
Celui-ci craint des "escroqueries" en matière d'affichage et de soutien. "Les dissidences risquent de tromper les électeurs sur la marchandise, prévient-il. Sur ce point, on sera vigilant et il y aura des poursuites."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.