Expulsions de Roms : visite de deux ministres roumains à Paris
A la fin de la réunion de cet après-midi, le ministre de l'immigration Eric Besson a affirmé qu'ils avaient évoqué “la coopération policière et les aspects sociaux de la réintégration des ressortissants roumains renvoyés chez eux”. Une rencontre qui n'a pas freinée le gouvernement dans sa politique de démantèlement des camps illégaux de Roms. La France s'est déclarée prête à “accélérer” les reconduites à la frontière. 8.000 bulgares et roumains ont été renvoyés dans leur pays depuis le début de l'année.
Les deux représentants roumains n'ont pas fait de vagues. Dan Valentin Fatuloiu, secrétaire d'État chargé de l'Ordre et de la Sécurité publique, a assuré qu'il s'agissait de “retours volontaires” de citoyens roumains et que “les relations franco-roumaines étaient excellentes depuis des siècles”.
C'est en revanche la méthode du gouvernement français qui est critiquée depuis quelques jours. La semaine dernière, le ministre des Affaires étrangères roumain, Teodor Baconschi a affirmé être inquiet des risques de “dérapage populiste” et de “réactions xénophobes” . Comme Valentin Mocanu, le secrétaire d'Etat chargé de l'Intégration des Roms, il prône une “coopération loin de toute fièvre électoraliste."
Un véritable plan européen de gestion des migrations des Roms pourrait être envisagé. Le Premier ministre François Fillon a annoncé mardi vouloir saisir le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, en vue d'“approfondir la coordination”avec Bucarest et Sofia et d'“accentuer les initiatives dans le cadre européen.”
L'Europe très critique à l'égard de Paris
Une réunion de ministres de l'Intérieur européens doit être organisée le 6 septembre à Paris. Seul absente de marque : la Commission européenne. Simple omission ou réelle volonté de laisser l'exécutif européen en dehors du débat, le gouvernement français semble vouloir éviter les critiques de Bruxelles.
“La France doit respecter les règles européennes sur la liberté de circulation et la liberté d'établissement dans l'Union.” Selon la Commission, Paris ne suit pas cette règle fondamentale du traité de Maastricht. D'autre part, elle a recadré le débat suite aux propos du secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, fin juillet, affirmant que “l'adhésion prévue de Bucarest et Sofia à l'espace Schengen, la zone sans frontières de l'Union Européenne, en mars 2011 ne pouvait être liée à la question de l'intégration des Roms”. Pierre Lellouche avait proposé fin juillet un report possible de l'intégration des deux pays à l'espace Schengen.
De son côté, le ministre de l'Intérieur italien, Roberto Maroni, l'une des figures du parti anti-immigrés de la Ligue du Nord se réjouit de la politique de Paris. Invité à la réunion, il a expliqué dans un article paru dans le quotidien italien Corriere della Sera qu'il aimerait que l'Italie puisse expulser les ressortissants européens qui ne remplissent pas les critères a minima en matière de revenus et de logements et qui grèvent, selon lui, les finances de l'État.
Pierre Lellouche et Eric Besson se rendront en Roumanie en septembre pour “poursuivre le travail de concertation et examiner l'état d'avancement de ces différents projets”, selon le ministère français des Affaires étrangères.
Thibault Lefèvre, avec agences
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