Tribune pour un "sursaut politique" : "Il faut changer d'échelle et faire preuve d'ambition", plaide Christophe Robert
"Sur les enjeux de protection de la planète et sur les enjeux sociaux il faut absolument que l'on change d'échelle", a estimé dimanche sur franceinfo le délégué général de la Fondation Abbé Pierre, signataire de la tribune publiée dans le JDD.
Dans une tribune publiée dimanche 14 avril dans le JDD, 16 signataires dont Nicolas Hulot et Laurent Berger appellent le gouvernement à un "sursaut politique" sur les questions de transition écologique et de justice sociale. Pour Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre et signataire de cette tribune, "il faut changer d'échelle" et faire preuve d'une "grande ambition".
franceinfo : Pourquoi avoir écrit cette tribune maintenant ?
Christophe Robert : On a écrit cette tribune à un moment clé pour ce quinquennat et dans ce débat qui occupe notre pays. Le Premier ministre a présenté l'analyse qu'il retient de ce grand débat et on sait qu'il va y avoir des annonces du président de la République cette semaine. Le sentiment que nous avons eu c'est que le Premier ministre retient principalement une idée : c'est dire 'il faut baisser les impôts et donc la dépense publique'. Ce n'est pas si certain que cela parce qu'on voit aussi beaucoup de demandes de davantage de services publics de proximité, davantage de réponses en matière de santé, on sent aussi un besoin de justice sociale qui passe aussi par la justice fiscale, la question de la redistribution, de la main tendue à ceux qui à un moment ont des difficultés. Et de notre point de vue c'est en menant ces chantiers de front, que l'on va pouvoir passer à la vitesse supérieure. Le Premier ministre dit 'on ne pourra plus faire comme avant', nous pensons pareil, mais sur les enjeux de protection de la planète, et sur les enjeux sociaux il faut absolument que l'on change d'échelle, de logique d'intervention et c'est la main tendue que nous faisons au président de la République avec cette tribune.
Pensez-vous qu'il est possible de demander à la fois des baisses d'impôts et en même temps vouloir travailler sur les enjeux de justice sociale et d'écologie ?
C'est ce que l'on dit, on peut regarder comment réduire une partie de la dépense qui serait injustifiée, ou inefficace d'un point de vue sociale et écologique. Mais les enjeux de redistribution c'est éviter par exemple que le patrimoine des Français ce soit 50% des richesses concentrées dans les mains de 10% des ménages. Donc il y a des enjeux de redistribution. Et puis il y a des leviers qui permettent d'agir sur toutes ces dimensions. Par exemple, on a sept millions de passoires thermiques, c'est-à-dire des logements très mal isolés dans notre pays. Si on accélère considérablement leur rénovation on va à la fois faire baisser les charges des ménages parce que leur facture va baisser, améliorer la protection de la planète et on va créer de l'emploi donc de la valeur économique. Donc il faut une grande ambition sur ce type de chantiers qui permet de concilier toutes ces dimensions.
Vous reprochez aussi au gouvernement de ne pas tenir compte de l'impact de ses politiques sur les 10% les plus pauvres. Comment améliorer cela ?
L'une des propositions que l'on fait, c'est de dire que l'on doit mesurer tout projet de loi, tout projet de loi de finances, au regard de ce que cela produit sur les 10% les plus pauvres. Quand on fait par exemple deux milliards d'euros d'économies par an sur les aides au logement, les APL qui viennent aider les plus modestes, et bien c'est un choix qui est une attaque à la question sociale car on ne permet pas aux gens de se maintenir dans leur logement, et on ne leur garantit pas un accès au logement quand ils n'en ont pas ou quand ils vivent dans de mauvaises conditions. Donc ce n'est pas un bon choix en termes économiques, ce n'est pas un bon choix en terme de protection ni même de dynamisation sur la question du logement. Donc nous proposons cet indicateur. Parce que parfois il y a des mesures, décidées à Bercy, dans les cabinets, parfois par la technocratie sans mesurer les conséquences qui peuvent être parfois très importantes pour le quotidien de nos concitoyens, et notamment les plus fragiles.
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